La presse turque s’est enflammée après les déclarations du ministre grec de la Défense, Nikos Dendias, qui a qualifié la Turquie de « plus grande menace pour son pays » et annoncé une refonte profonde de la doctrine militaire grecque. Selon plusieurs médias, Athènes envisagerait désormais de « verrouiller la mer Égée » en déployant des batteries de missiles sur des centaines d’îles.
Le quotidien turc Hürriyet a consacré sa une à ces propos jugés provocateurs, estimant qu’ils menacent l’accalmie relative qui prévalait ces dernières années dans la région. Le journal souligne que Dendias prévoit une modification « radicale » de la défense grecque, fondée sur des systèmes mobiles installés sur les îles et soutenus par les forces terrestres. Le titre choc du journal Milliyet résumait l’atmosphère à Ankara : « Le plan grec pour fermer la mer Égée ! Que fera la Turquie pour empêcher cette provocation ? »
Les médias turcs affirment que le ministre grec aurait déclaré son intention de positionner des missiles non seulement sur « des centaines d’îles », mais, si nécessaire, sur « des milliers ». Sur CNN Türk, le journaliste Gefar Yakinças a averti qu’une telle stratégie risquait de déclencher une nouvelle crise, d’autant que la Grèce équiperait aussi ses nouvelles frégates de tels systèmes, y compris sur des îles qui, selon Ankara, devraient rester démilitarisées.
Dans le quotidien Star, l’analyste politique Coskun Basbug a raillé les ambitions grecques : « Dendias prétend fermer la mer Égée. En clair, un pays de 12 millions d’habitants voudrait bloquer l’accès maritime d’une nation de 85 millions d’habitants, forte de 3 000 ans d’histoire. Cela ne peut qu’alimenter les tensions. »
Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte où les relations gréco-turques oscillent depuis des années entre tentatives de dialogue et brusques flambées de tensions, notamment autour des zones maritimes contestées, de la souveraineté des îles et des droits d’exploitation énergétique.
Pourquoi cela intéresse Israël ?
La montée des tensions entre la Grèce et la Turquie dépasse le simple cadre régional : elle touche directement un espace stratégique où l’État hébreu a investi massivement sur les plans énergétique, maritime et militaire. Toute escalade en mer Égée peut perturber les projets communs d’Israël avec Athènes et Nicosie – du gazoduc EastMed au câble électrique sous-marin – et renforcer encore la coopération sécuritaire qui le lie à ces deux pays face à une Turquie devenue ouvertement hostile. Une Grèce qui se réarme consolide cet axe méditerranéen, tandis qu’Ankara, absorbée par une crise potentielle, pourrait revoir ses priorités stratégiques. Au final, cette confrontation redessine les équilibres en Méditerranée orientale, un théâtre où les intérêts israéliens sont désormais centraux.