La maison de retraite "Emmanuel", établissement juif historique d'Amsterdam accueillant des patients en fin de vie et des personnes âgées dépendantes - dont de nombreux rescapés de la Shoah - va fermer ses portes pour environ six mois en raison de préoccupations sécuritaires.
Cette décision fait suite au refus des bénévoles de travailler dans le site temporaire proposé dans le quartier de Nieuw-West, connu pour sa forte population musulmane.
Dans le cadre de travaux de rénovation du bâtiment principal situé à Amstelveen, quartier abritant une importante communauté juive, la direction de la maison de retraite avait prévu de transférer ses activités dans un bâtiment alternatif. Mais dès l'annonce de cette possibilité, les bénévoles ont exprimé de vives inquiétudes pour leur sécurité personnelle.
La directrice de l'établissement a déclaré officiellement : "Les bénévoles constituent l'épine dorsale du service fourni ici, et leur déclaration selon laquelle ils ne sont pas prêts à travailler dans ce quartier par crainte pour leur sécurité ne peut rester sans réponse."
Selon elle, bien que les représentants de la police se soient entretenus avec la direction "avec respect et ouverture", le contenu des échanges s'est révélé "assez dissuasif" et n'a pas été rassurant. La police, de son côté, a précisé qu'elle n'émettait pas de recommandations officielles concernant une zone particulière, mais qu'elle ne pouvait pas non plus garantir une sécurité totale.
Fondé en 1994, "Emmanuel" est considéré comme l'un des rares établissements de ce type en Europe - un cadre juif complet offrant soins médicaux, alimentation cachère et accompagnement personnel et émotionnel aux patients juifs en fin de vie. Sa fermeture temporaire est jugée nécessaire jusqu'à l'achèvement des travaux de rénovation à Amstelveen, et devrait durer cinq à six mois.
Des sources locales s'interrogent sur l'influence éventuelle de tensions politiques autour des questions d'identité et d'immigration, tout en reconnaissant que depuis le début de la guerre à Gaza, une augmentation significative d'incidents à caractère antisémite a été constatée aux Pays-Bas et dans toute l'Europe. Cette situation accroît le sentiment de peur au sein de la communauté juive et approfondit la crise persistante autour de la sécurité des institutions juives.
La décision de fermeture, estiment des membres de la communauté, constitue un nouveau signal douloureux de la réalité sécuritaire complexe dans laquelle vivent aujourd'hui les Juifs d'Europe.