Société

Se marier selon la halakha sans passer par le Grand Rabbinat : la révolution discrète des mariages “Zoom” en Israël

Grâce à une décision judiciaire et à un partenariat inédit avec l’Utah, des couples israéliens peuvent désormais se marier religieusement hors du Grand Rabbinat tout en obtenant une reconnaissance officielle de l’État.

2 minutes
4 décembre 2025

ParDelphine Miller

Se marier selon la halakha sans passer par le Grand Rabbinat : la révolution discrète des mariages “Zoom” en Israël
Photo: Chaim Goldberg/Flash90

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Pour la première fois en Israël, des couples peuvent se marier selon la loi juive, sans passer par le Grand Rabbinat, tout en étant légalement reconnus par le ministère de l’Intérieur. Cette avancée est rendue possible grâce à l’organisation orthodoxe Hupot et à un partenariat avec une officiant civile basée dans l’État de Utah. Le principe repose sur une cérémonie religieuse en Israël, complétée simultanément par une cérémonie civile à distance via Zoom, reconnue par les autorités israéliennes après une décision de justice de 2022. Cette jurisprudence oblige l’administration à enregistrer les mariages civils contractés par visioconférence avec l’Utah, initialement mis en place durant la pandémie de Covid-19.

À l’origine de cette initiative, le rabbin Aaron Leibowitz, fondateur de Hupot, entend offrir une alternative orthodoxe au monopole du Grand Rabbinat d’Israël. Ordonné par des figures reconnues du sionisme religieux, ancien fondateur de l’organisme de supervision casher Hashgacha Pratit, il défend une orthodoxie fidèle à la halakha mais plus inclusive. Hupot autorise notamment certaines pratiques refusées par le Grand Rabbinat, comme la participation active de la mariée sous la houppa ou la récitation d’une bénédiction par une femme. L’organisation exige en revanche la signature systématique d’un accord prénuptial halakhique pour prévenir les refus de guet, une mesure que le Grand Rabbinat se refuse toujours à imposer.

Du côté civil, la reconnaissance officielle est assurée par Ariel Ross, Israélienne installée dans l’Utah et habilitée par l’État américain à officier des mariages civils à distance. En quelques minutes, les couples reçoivent un certificat américain valable en Israël, pour un coût de 1 700 shekels. Mixtes, laïcs, religieux sionistes ou simples opposants au système rabbinique centralisé, de plus en plus d’Israéliens choisissent aujourd’hui cette voie. Une tendance qui traduit l’usure profonde du monopole du Grand Rabbinat sur la vie matrimoniale, et l’aspiration croissante à concilier tradition juive et liberté individuelle dans l’Israël de 2025.