Sécurité

Carte des milices opérant aux côtés d’Israël à Gaza - et la menace contre le Hamas : « Il n’y aura aucune pitié »

Yasser Abou Shabab a été tué à la suite d’un différend interne au sein de la milice qu’il dirigeait dans le sud de la bande de Gaza. Mais sa mort n’empêche ni son successeur ni les chefs des autres clans de poursuivre leur objectif : renverser le pouvoir du Hamas et traquer ses membres « jusqu’à leur dernier jour ». Cartographie des milices et lutte pour le contrôle territorial.

4 minutes
7 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Carte des milices opérant aux côtés d’Israël à Gaza - et la menace contre le Hamas : « Il n’y aura aucune pitié »
Carte des milices opérant aux côtés d’Israël à Gaza contre le Hamas

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Malgré la mort de Yasser Abou Shabab due à une querelle interne au sein de la milice qu’il dirigeait à Rafah, et bien qu’il ait été une figure centrale de l’opposition au Hamas dans la bande de Gaza, les clans et milices locales affirment leur intention de continuer à combattre l’organisation terroriste avec détermination.
Objectif affiché : exploiter la faiblesse du Hamas après plus de deux années de guerre prolongée contre Tsahal, afin d’élargir leurs zones de contrôle dans l’enclave.

La mort d’Abou Shabab jeudi a entraîné l’accession de son adjoint, Rassan al-Dahini, à la tête de la milice. Selon des sources à Gaza, Abou Shabab était considéré comme « modéré » et moins cruel que son successeur. Une expression circule désormais dans la bande de Gaza: « Le modéré est parti, le fou est arrivé », pour décrire la ligne dure que devrait adopter al-Dahini, un homme perçu comme dur et impitoyable. Ses proches affirment qu’il a pris la relève avec une motivation élevée : « Il n’y aura aucune pitié pour les hommes du Hamas. Ni aujourd’hui, ni jusqu’à leur dernier jour. »

Selon al-Dahini, le combat contre le Hamas est une nécessité, et la faiblesse actuelle de l’organisation sur le terrain représente une opportunité à saisir. Il décrit déjà la situation comme « l’après-guerre », période durant laquelle les milices peuvent agir sans retenue, tout en maintenant un cadre organisationnel et logistique structuré : « Nous serons exactement là où nous étions, mais avec plus de détermination et plus de force. Nous combattrons jusqu’au dernier terroriste, jeune ou vieux. »

En toile de fond, les efforts américains pour avancer vers la phase B du plan du président Donald Trump pour Gaza se poursuivent. Le Hamas, de son côté, élabore ses propres scénarios, tandis qu’Israël presse Washington de ne pas progresser sans la restitution de la dépouille du dernier otage israélien, le policier Ran Gvili. Les États-Unis peinent à mettre sur pied la Force internationale de stabilisation et envisagent une alternative : un déploiement dans ce qui est défini comme la « zone verte », c’est-à-dire le côté israélien de la ligne jaune, où le Hamas est affaibli.

Parallèlement, d’autres milices actives à Gaza ambitionnent également de faire tomber le Hamas et de combler le vide du pouvoir : à Khan Younès, la milice de Houssam al-Astal qui a déclaré que la mort d’Abou Shabab constituait un coup dur, mais que l’ensemble des milices continuerait d’« opérer normalement ». Il a affirmé qu’al-Dahini était un successeur légitime et ajouté :« Nous sommes déjà dans l’après-guerre. »

À Shuja’iyya opère la milice de Rami Khalas, en conflit de longue date avec le Hamas depuis la prise de contrôle de Gaza par ce dernier en 2007, après des violences sévères exercées par le Hamas contre ses membres. Il s’agit de l’un des plus grands clans de la bande de Gaza, majoritairement implanté dans ce quartier, non loin du kibboutz Nahal Oz. Le clan est largement affilié au Fatah, et l’une de ses figures emblématiques est Ahmed Khalas, dit Abou Maher, membre du comité central du Fatah et représentant du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Gaza.

À Deir al-Balah, la milice de Shawki Abou Nassira, ancien prisonnier sécuritaire du Fatah selon des sources palestiniennes, s’est récemment structurée. Il se présente comme un dirigeant inflexible, engagé dans la « libération des Palestiniens du Hamas ». Dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, il qualifie chaque opposant au Hamas de « lion ».

Dans le nord de la bande, Ashraf al-Mansi concentre ses efforts sur l’éviction du Hamas, cherchant à imposer l’autorité de sa milice à sa place. Il présente son action comme une lutte pour le peuple palestinien et pour garantir « un avenir nouveau et plus juste » aux habitants.

Durant la guerre, Israël avait apporté son soutien à Abou Shabab et à d’autres milices opposées au Hamas. Après l’annonce du cessez-le-feu en octobre, des craintes sont apparues quant à de violents affrontements internes pour le contrôle de Gaza. Le Hamas avait même tenté de l’assassiner, sans succès, notamment parce qu’il se trouvait dans une zone alors sous contrôle israélien.

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