Le plan en 20 points élaboré par Washington et Jérusalem pour la Bande de Gaza contient de manière claire le désarmement total du Hamas.
Ces derniers temps, Israël s'inquiète de la volonté de la Turquie et du Qatar d'empêcher la concrétisation de cette clause fondamentale.
Cette question de la deuxième phase devrait constituer le sujet principal de la rencontre entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump, prévue fin décembre.
"Nous avons presque terminé la première phase, il nous reste un dernier otage à rapatrier", a déclaré hier Netanyahou lors d'une conférence de presse conjointe avec le chancelier allemand Friedrich Merz. Il a ajouté que "la force internationale qui sera déployée à Gaza ne pourra pas accomplir certaines missions. En réalité, elle ne pourra pas réaliser l'essentiel", faisant référence au désarmement du Hamas.
Selon Israël, le Qatar et la Turquie agissent pour créer une situation où l'organisation terroriste conserverait ses armes à Gaza, empêchant ainsi Israël de déclarer une victoire définitive sur le Hamas.
Dans les discussions avec les Américains, le Qatar et la Turquie proposent différentes options : que le Hamas remette ses armes à l'Autorité palestinienne, ou qu'il les transfère dans un dépôt sous une forme de supervision. L'objectif serait d'éviter un scénario où le Hamas perdrait ses armes et son influence à Gaza.
Israël maintient fermement que le Hamas ne doit conserver aucun armement, et les autorités à Jérusalem estiment que cette question ne sera tranchée que lors de la rencontre Netanyahou-Trump.
Le calendrier du désarmement fait également l'objet de désaccords : le Qatar et la Turquie proposent une période de deux ans durant laquelle le Hamas pourrait conserver ses armes, tandis qu'Israël s'y oppose catégoriquement et insiste sur quelques mois seulement. Le message israélien aux Américains est clair : si le désarmement du Hamas n'est pas effectué, Israël interviendra pour le faire.
Une divergence sémantique révèle ces tensions : Israël exige un "désarmement" complet (disarmament), tandis que les Américains parlent de "mise hors service" (decommission), un terme utilisé lors du désarmement de l'IRA irlandaise, où les armes étaient remises ou entreposées sous supervision britannique. Israël craint qu'il ne s'agisse que d'un exercice formel et veut s'assurer que le Hamas n'aura aucun accès à l'armement.
Par ailleurs, Israël s'oppose fermement à toute présence turque dans la Bande de Gaza. Au sein de l'administration américaine, certains responsables comme l'émissaire du président Trump, Tom Barrack, insistent pour que la Turquie fasse partie de la solution à Gaza et soit présente sur place. Barrack prône aussi une implication turque en Syrie, contrairement à la position israélienne. À Jérusalem, on estime que Barrack ne prend pas en compte les besoins sécuritaires d'Israël.
Parallèlement, les Américains peinent à constituer la force de stabilisation (ISF) pour la Bande de Gaza. Tant qu'il n'y a pas d'accord sur les modalités et le calendrier du désarmement du Hamas, les pays arabes et musulmans ne sont pas disposés à s'engager à envoyer des troupes.