Samedi soir dernier, sur le plateau de la chaine israélienne N12, Mansour Abbas, le chef du parti Ra'am a surpris tout le monde en annonçant la rupture de son parti avec le Conseil de la Shura et les Frères musulmans.
Pour l'orientaliste, Dr Motti Kedar, il faut prendre ces déclarations avec beaucoup de méfiance. "C'est comme si l'on disait qu'un parti religieux va devenir laïc, exactement la même chose. Imaginons que le Sionisme religieux décide de devenir un parti laïc comme celui de Lapid. Allons donc... Il s'agit ici de croyances et de convictions", a déclaré Kedar dans une interview accordée à Arutz7, ajoutant : "Toute leur démarche politique n'est qu'une couverture pour une activité islamiste. Je ne crois pas un seul mot de ce qu'ils disent."
"Tout n'est que façade. En arabe, cela s'appelle la 'Taqiya', pour survivre dans un environnement qui n'est pas favorable à l'islam. C'est toute l'histoire", explique le spécialiste du monde arabe, précisant que cette pratique a été utilisée par l'islam au fil des siècles pour assurer la survie et préserver les acquis obtenus par les musulmans à travers les générations.
Selon le Dr Kedar, la déclaration de Mansour Abbas bénéficie d'une large couverture médiatique car elle correspond aux agendas de certains acteurs souhaitant présenter le Mouvement islamique comme se détachant de ses fondements islamistes pour devenir un mouvement national.
"Mansour Abbas se construit sur ce qui se passe en Israël. Il veut offrir une alternative islamique, mais sans qu'elle soit trop visible'', souligne le Dr Kedar. ''Dans de nombreux endroits, en Égypte comme en Jordanie, les Frères musulmans font toutes les manœuvres possibles pour entrer au parlement et détruire l'État de l'intérieur. Regardez ce qu'ils ont fait en Tunisie lorsqu'ils sont devenus partie du pouvoir et l'ont trahi. C'est le même type de pensée, le même discours", affirme-t-il.
Le Dr Kedar précise également que le parti Ra'am est attaqué de toutes parts au sein même de la société arabe israélienne: ''Ceux qui veulent s'intégrer à l'État l'attaquent parce qu'il propose une alternative islamiste en politique. Ceux qui détestent l'État l'attaquent parce qu'il siège à la Knesset et a soutenu la coalition Lapid-Bennett. Il est attaqué de toutes parts, mais pour lui ce n'est pas un problème car il prône un jihad qui a un visage moins violent que le jihad de l'épée", conclut-il.