Face aux pressions arabes mais aussi américaines l’enjoignant à accepter l’Autorité palestinienne comme future gestionnaire de la Bande de Gaza et à progresser vers la création d’un État palestinien, Israël pose une série de conditions strictes.
L'Etat hébreu réclame notamment la suppression du statut de réfugié pour les Palestiniens installés en Judée-Samarie et à Gaza, et exige la fin des activités de l’UNRWA et des autres agences onusiennes opérant auprès des réfugiés sur ces territoires. L’Autorité palestinienne devrait assumer seule l’ensemble des besoins de la population, tandis que les camps de réfugiés seraient transformés en quartiers ordinaires.
Selon des sources diplomatiques arabes et occidentales, cette exigence a également été posée comme condition à un retrait de Tsahal des camps de Jénine et de Tulkarem. Elle a été évoquée dans les échanges entre Jérusalem et Washington, ainsi qu’avec plusieurs médiateurs européens, dont Tony Blair et le chancelier allemand Merz.
Israël réitère par ailleurs ses conditions de longue date : désarmement complet du Hamas, maintien d’un contrôle sécuritaire total par Israël, démilitarisation des territoires palestiniens hormis une police légère, révision en profondeur des programmes éducatifs pour en retirer tout contenu antijuif ou anti-israélien, déradicalisation de la population et lutte plus ferme des forces de sécurité palestiniennes contre les organisations terroristes. À ses yeux, ces mesures sont indispensables avant toute avancée vers un État palestinien, comme le prévoit le plan Trump.
Selon des responsables israéliens, Jérusalem pourrait accepter la participation de personnalités issues de l’Autorité palestinienne dans la gestion de la Bande de Gaza, à condition qu’elles soient indépendantes de ses structures actuelles et exemptes de tout lien avec le terrorisme. Une éventuelle coopération resterait toutefois strictement limitée et encadrée par les forces internationales.
Cet assouplissement demeure néanmoins politiquement sensible pour Binyamin Netanyahou. Toute implication, même marginale, d’acteurs affiliés à l’Autorité palestinienne risquerait de se heurter à l’opposition farouche des ministres Itamar Ben Gvir et Betsalel Smotrich, piliers de sa coalition.
Sur le terrain, Washington plaide pour lancer un projet pilote de reconstruction à Rafah, débutant par le déblaiement des décombres et l’établissement d’un modèle urbain débarrassé de l’influence du Hamas. Israël accepte l’idée, tant qu’elle s’inscrit en parallèle du processus de démantèlement militaire du mouvement, sans en devenir un substitut.
Les responsables israéliens évoquent d’ailleurs un « modèle libanais » : coopérer avec une administration civile tout en poursuivant la lutte contre sa branche armée, comme c’est le cas avec le Hezbollah.