Dans une lettre officielle dont le quotidien "Hayom" a obtenu copie, la ministre des Implantations, Orit Struck, reproche aux services du Shin Bet d'avoir surveillé et analysé l'activité de son ministère et celui de la Défense concernant la Judée-Samarie, dirigé par Betsalel Smotrich.
Selon un document rédigé par le Shin Bet et qui est arrivé dans les mains de la ministre, les services de sécurité intérieurs ont examiné l'activité des services des implantations juives et de l'administration civile au ministère de la Défense concernant l'expansion des terres d'État, la régularisation des localités juives et le renforcement du réseau de fermes en Judée-Samarie. Le rapport analyse également les efforts de l'Autorité palestinienne pour contrer cette expansion.
Struck révèle avoir découvert ce rapport il y a plus de deux mois, lorsqu'il a été transmis via les canaux officiels et confidentiels aux ministres du cabinet de sécurité. Elle dit avoir été "stupéfaite" d'entendre ensuite un journaliste lui citer des extraits du document, preuve qu'il avait été divulgué à la presse malgré sa classification "secrète".
Dans sa lettre à Zini, la ministre pose une série de questions incisives : "Qui a initié ce rapport, et dans quel but ? Qui a décidé que le Shin Bet devait surveiller l'activité des ministères, l'analyser et en faire rapport ? Pourquoi le Shin Bet, au lieu d'analyser et de critiquer l'activité de l'administration civile et de mettre en garde contre elle, n'agit-il pas à ses côtés, ne met-il pas à sa disposition les informations dont il dispose, et n'aide-t-il pas à faire échouer le projet hostile de l'Autorité palestinienne de prendre le contrôle des terres d'État en Judée-Samarie ?"
Struck dénonce également le contenu politique du rapport de dix pages, qu'elle qualifie de "très peu professionnel" et contenant des "phrases empreintes d'une vision gauchiste". "Qui a rédigé ce rapport si gauchiste et si peu professionnel ?", s'interroge-t-elle.
Il convient de noter que cette surveillance de ministères est inhabituelle, le Shin Bet étant normalement chargé de surveiller des entités hostiles à l'État, et non l'activité des ministères gouvernementaux.
Rappelons aussi qu'il y a quelques mois une affaire similaire avait été dévoilée sur une suveillance du Shin Bet du ministère de la Sécurité nationale, dirigé par le ministre Itamar Ben Gvir.
Toutes ces surveillances ont été effectuées quand Ronen Bar était à la tête du Shin Bet.
Le Shin Bet a réagi de manière laconique à la publication de ces informations : "Nous ne commentons pas les échanges avec l'échelon politique et déplorons les fuites vers les médias. Le Shin Bet agit dans le cadre de sa mission et de ses fonctions conformément à la loi, et ne surveille pas l'activité des ministères gouvernementaux."
Le ministre des Finances Betsalel Smotrich a réagi sur le réseau social X par une critique sévère de l'ancien chef du Shin Bet, Ronen Bar: ''Ronen Bar a perverti on rôle et a abusé des capacités du Shin Bet à des fins qui ont mis en danger la démocratie israélienne.
Si Ronen Bar, en tant que chef du Shin Bet, avait ordonné à l'organisation de se concentrer davantage sur la collecte de renseignements sur le Hamas et moins sur la subversion contre les ministres du gouvernement et leurs activités en Judée-Samarie, qui améliorent la sécurité de tous les citoyens israéliens, nous n'aurions pas subi les conséquences amères de ses échecs le 7 octobre.
Le nouveau chef du Shin Bet, le général David Zini, a une tâche essentielle : nettoyer les écuries et remettre cette organisation cruciale sur la bonne voie et dans son rôle au service de la sécurité d'Israël. J'ai une confiance totale en sa capacité à le faire, avec l'aide de Dieu, et en tant que Ministre des Finances, je me tiendrai à ses côtés et lui fournirai les outils nécessaires à cette fin''.