Moyen-Orient

Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation à se rendre en Iran

Il avait été invité à se rendre à Téhéran par son homologue iranien

3 minutes
10 décembre 2025

ParJohanna Afriat

Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation à se rendre en Iran
Illlustration iStock

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Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, a décliné ce mercredi l'invitation de son homologue iranien, Abbas Aragchi, à se rendre à Téhéran, selon l'Agence nationale de l'information libanaise. Tout en présentant ses excuses, Youssef Rajji a justifié son refus en expliquant que "le climat n'est pas propice". Il a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre, une option qui a reçu l'accord des deux parties.

Selon les informations rapportées, Rajji s'est dit prêt à établir des relations constructives entre le Liban et l'Iran, mais à une condition stricte : que ces relations reposent sur le respect de l'indépendance et de la souveraineté de chaque pays, ainsi que sur la non-ingérence dans les affaires intérieures, "sous quelque forme que ce soit et sous quelque prétexte que ce soit".

Le ministre libanais a particulièrement insisté sur un principe fondamental : "La construction d'un État fort est impossible sans que son armée nationale ait le droit de porter les armes – et c'est l'État qui est seul habilité à décider en matière de guerre et de paix." Il a toutefois précisé qu'Aragchi serait toujours le bienvenu au Liban.

L'invitation iranienne, envoyée à Beyrouth la semaine dernière, avait officiellement pour objectif de "discuter du développement des relations bilatérales et des évolutions régionales et internationales". Mais elle intervient dans un contexte de fortes tensions entre les deux pays concernant le soutien de la République islamique au Hezbollah et les dénonciations d'ingérence iranienne dans les affaires intérieures libanaises.

La colère a particulièrement éclaté au Liban après qu'une source au sein du régime iranien, publiant sur le site officiel du Guide suprême Ali Khamenei, a affirmé que "30 % des effectifs de l'armée libanaise sont membres du Hezbollah". Ces remarques sont survenues alors que le Liban tente justement de renforcer le statut de son armée, d'étendre sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire, de désarmer le Hezbollah et de se libérer de toute influence extérieure, notamment iranienne.

Un échange de messages acerbes

En réponse à ces déclarations, le ministre Rajji a vivement réagi sur le réseau social X : "J'étais vraiment enclin à croire votre affirmation selon laquelle l'Iran ne s'ingère pas dans les affaires intérieures du Liban, jusqu'à ce que le conseiller de votre Guide suprême apparaisse pour nous dire ce qui est vraiment important au Liban et nous avertir des conséquences du désarmement du Hezbollah."

De son côté, Aragchi avait déjà répondu indirectement à la proposition de rencontre dans un pays neutre : "J'invite Rajji à se rendre à Téhéran et je suis également prêt à me rendre avec plaisir à Beyrouth, si je reçois une invitation officielle. Nous ne nous immisçons pas dans les affaires intérieures du Liban. Nous sommes favorables à tout dialogue visant à renforcer les relations entre l'Iran et le Liban et l'intervention d'un pays tiers n'est pas nécessaire."

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