La décision du Conseil supérieur de planification d’approuver 764 nouveaux logements en Judée-Samarie a suscité mercredi une réaction virulente de l’Autorité palestinienne. Le porte-parole de Mahmoud Abbas, Nabil Abu Rudeineh, a dénoncé une mesure « destructrice » violant selon lui le droit international et sapant les efforts de stabilité dans la région. S’appuyant sur la résolution 2334 de l’ONU, Ramallah accuse Israël de nourrir l’escalade et exhorte le président Donald Trump à faire pression pour un gel immédiat des constructions.
L’avancée du plan porte notamment sur 478 unités à Hashmonaïm, 230 à Beitar Illit et 56 à Givat Ze’ev, un volume qui s’inscrit dans une dynamique plus large : depuis le début du mandat du gouvernement actuel, 51 370 logements ont été validés selon les autorités israéliennes — un chiffre qualifié d’« inédit ». Pour la direction palestinienne, cette cadence constitue une menace directe pour toute tentative de désescalade diplomatique.
Mais en parallèle, un autre dossier éclaire la complexité du terrain. Le mouvement Regavim a publié cette semaine un rapport alarmant sur un barrage illégal construit par la PA dans le Wadi Duma, au sud d’Hébron. Selon leurs images aériennes et inspections sur site, cet ouvrage détourne totalement l’écoulement naturel des eaux vers un réservoir palestinien non autorisé, provoquant l’assèchement complet du réservoir d’Adoraïm, classé réserve naturelle sous juridiction israélienne.
Regavim décrit non seulement un barrage mais un système structuré de prise de contrôle territoriale : réseau d’irrigation pirate, clôtures périmétriques et exploitation agricole systématique destinée, selon l’organisation, à s’approprier plusieurs centaines de dounams grâce à une faille persistante du droit foncier ottoman. L’ONG affirme également que cette infrastructure viole les accords d’Oslo II, qui exigent une approbation mutuelle pour tout projet hydrologique transfrontalier.
Ro’i Drucker, coordinateur pour la Judée-Samarie, résume la dynamique : « La PA exploite de manière systématique les ressources naturelles partagées, causant d’importants dommages environnementaux et facilitant une expansion territoriale illégale. Le barrage de Wadi Duma en est l’exemple le plus frappant. »
Ce double regard — condamnation palestinienne des constructions israéliennes d’un côté, dénonciation israélienne des projets illégaux de la PA de l’autre — trace les contours d’un conflit territorial beaucoup plus vaste. Chaque décision d’urbanisme, chaque aménagement agricole, chaque détournement d’eau devient un élément d’une lutte silencieuse mais déterminante pour le contrôle du terrain.