Sécurité

Les États-Unis exigent d’Israël qu’il déblaye les ruines de Gaza - une opération qui débutera à Rafah

Washington impose à Israël la responsabilité physique et financière de l’évacuation des décombres massifs accumulés dans la bande de Gaza après deux ans de guerre — un coût de plusieurs milliards de shekel, les pays arabes refusent de participer, nouvelle pression américaine à l’approche de la rencontre Trump–Netanyahu.

3 minutes
12 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Les États-Unis exigent d’Israël qu’il déblaye les ruines de Gaza - une opération qui débutera à Rafah
Sans crédit

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Selon un haut responsable politique, Israël a accepté la demande, mais commencera par un projet pilote à Rafah, estimé à plusieurs dizaines ou centaines de millions de shekels. À terme, face au refus international de financer le déblaiement, Israël devra probablement nettoyer l’ensemble de la bande de Gaza. Le coût total dépasserait le milliard de dollars.

D’après le Wall Street Journal, Gaza repose aujourd’hui sur 68 millions de tonnes de ruines - l’équivalent du poids de 186 Empire State Buildings - selon les données du PNUD, chargé de superviser l’évacuation. Le déblaiement est indispensable pour initier la phase 2 de la reconstruction dans le cadre du cessez-le-feu. Washington souhaite faire de Rafah un modèle du plan de reconstruction voulu par Donald Trump et attirer progressivement des habitants vers les zones réhabilitées.

Le Premier ministre du Qatar a déclaré que, tout comme Moscou est censée réparer les dégâts en Ukraine, Israël devait reconstruire Gaza. Doha refuse d’assumer les coûts de ce qui a été « détruit par un autre ». Israël devra passer par des entreprises spécialisées pour ôter les décombres et, selon les États-Unis, supporter les coûts pour toute la bande. Ce n’est pas la première fois qu’Israël cède à une exigence américaine : Washington lui avait déjà demandé de financer le projet de distribution alimentaire dans Gaza.

En parallèle, les États-Unis poussent Israël à passer immédiatement à la phase 2 du cessez-le-feu. Jérusalem conditionne cette avancée au retour du corps du policier otage Ran Gvili, dont le Jihad islamique affirme ne plus détenir la dépouille. Israël a transmis aux médiateurs des images aériennes, des noms et d’autres éléments susceptibles d’aider à le localiser. Pour un responsable israélien, il existe « des personnes dans l’organisation terroriste qui savent où il se trouve », et son retour est un élément essentiel de l’accord.

Les Américains souhaitent également déployer début 2026 une force internationale de stabilisation à Gaza, en commençant par Rafah, sous commandement américain. L’Indonésie et l’Azerbaïdjan auraient accepté d’envoyer des soldats. D’autres pays offrent des équipements ou du financement, mais refusent d’envoyer des troupes. Washington veut inclure des soldats turcs dans la force — une ligne rouge pour Israël. L’envoyé spécial de Trump, Tom Barrack, doit tenter de convaincre Netanyahu, mais pour Jérusalem c'est inacceptable. D'ailleurs, la semaine prochaine, Barrack devrait présenter des excuses pour ses propos tenus au Forum de Doha, où il avait déclaré qu’une « monarchie bienveillante » fonctionnait mieux qu’une démocratie dans la région, remarques perçues en Israël comme favorables aux intérêts turcs.

Netanyahu, dans des discussions internes, doute de la capacité de la force internationale à désarmer réellement le Hamas et estime qu’une intervention de Tsahal sera inévitable. Israël reproche aux Américains de se concentrer davantage sur la reconstruction que sur la démilitarisation.

Trump a annoncé qu’il dévoilerait début 2026 la composition du Conseil de la paix, chargé de la gestion et de la reconstruction de Gaza. Il promet « une des équipes les plus extraordinaires jamais réunies », affirmant que plusieurs chefs d’État souhaitent en faire partie.

Ces sujets seront au coeur de la rencontre, fin décembre, entre Trump et Netanyahu à Mar-a-Lago : mise en œuvre de la phase 2, avenir sécuritaire de Gaza, discussions avec la Syrie et trêve fragile au Liban. Israël craint que Trump ne cherche à conclure un accord prévoyant un retrait de Tsahal du sud syrien.

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