L'algorithme d'Instagram favorise la commercialisation de produits incitant à la haine envers les Juifs et les Noirs, révèle un rapport des Fédérations juives d'Amérique du Nord et du Centre de lutte contre la haine numérique (CCDH), dont N12 a présenté les principaux points en exclusivité.

Parmi les articles les plus scandaleux vendus en ligne figure un T-shirt portant l'inscription "Tunnels de Brooklyn – Horreurs souterraines", accompagné d'une caricature antisémite faisant écho aux accusations médiévales de meurtre rituel. Le site Forbidden Clothes aurait généré plus de 840 000 dollars grâce à 30 000 commandes de ce T-shirt et d'articles similaires.

Le rapport a examiné 11 comptes vendant des "produits incitant à la haine" ayant cumulé 1,5 milliard de vues. La page Instagram de Forbidden Clothes a elle seule enregistré plus de 632 millions de vues. Autre exemple : le magasin Clothing You Need revendique 25 000 clients et un demi-million de dollars de chiffre d'affaires, avec près de 48 millions de vues pour des T-shirts racistes comme "Back to the Field", orné d'images d'hommes noirs et appelant au rétablissement de l'esclavage.

D'autres pages prospèrent avec des produits similaires : Shop Trend Fits (335 millions de vues) vend un T-shirt "Adolf Lifter" représentant Hitler en bodybuilder, tandis que Bruh Tees (236 millions de vues) propose une parodie de l'affiche des Dents de la mer remplaçant le requin par un nez caricatural et le bateau par un billet de banque, sous le titre "Juifs".

Meta accusée d'avoir affaibli les garde-fous

Les auteurs pointent les modifications apportées par Meta, qui auraient affaibli la lutte contre les contenus haineux : arrêt de la détection automatique, assouplissement des politiques antiracistes et fin de la suppression des contenus limites. Les six comptes les plus anciens ont ainsi enregistré près de quatre fois plus de vues après ces changements, passant de 220 à 826 millions en six mois.

"Instagram permet aux extrémistes de tirer profit de l'antisémitisme et du racisme. En supprimant des garde-fous essentiels, Meta a laissé la haine prospérer", dénonce Imran Ahmed, PDG du CCDH.

Toutes ces boutiques opèrent sur des plateformes légitimes – Shopify, Wix et Payhip – qui interdisent pourtant la vente de produits haineux dans leurs conditions d'utilisation. Contactées par les chercheurs, Wix et Payhip ont retiré les produits concernés.

Le rapport exhorte Meta à appliquer ses politiques plus efficacement et les autorités de régulation à exiger transparence et action.

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