Moyen-Orient

Un rabbin se disant « grand rabbin » d’Arabie saoudite refoulé à l’entrée du royaume

Le refus d’entrée en Arabie saoudite opposé à un rabbin se présentant comme le « grand rabbin » du royaume jette une lumière crue sur les limites de l’ouverture saoudienne, pour Israël, cet épisode rappelle la fragilité des signaux de normalisation informelle avec Riyad, entre prudence religieuse, rivalités internes et lignes rouges encore bien réelles.

3 minutes
23 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Un rabbin se disant « grand rabbin » d’Arabie saoudite refoulé à l’entrée du royaume
Dégustation du café saoudien ors d’un salon alimentaire à Riyad, Crédit photo : avec l’aimable autorisation de Jacob Herzog

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Le rabbin Jacob Herzog a affirmé ce jour, mardi, avoir été empêché d’entrer en Arabie saoudite, malgré un visa valide et plusieurs années de résidence dans le royaume. Dans un message publié sur X, il indique que les autorités de l’immigration à l’aéroport, ainsi que le ministère de l’Intérieur, n’ont fourni aucune explication à cette décision. Herzog précise qu’il ne croit pas à une implication directe du gouvernement saoudien ou de la Cour royale et évoque plutôt l’action de « forces obscures » cherchant, selon lui, à freiner les réformes, l’ouverture et la tolérance que le royaume affirme promouvoir.

Installé depuis plusieurs années à Riyad, Herzog affirme représenter une communauté juive discrète mais réelle, composée de milliers d’expatriés juifs travaillant dans le pays, notamment dans les secteurs économiques et technologiques. Il dit craindre d’être désormais coupé de cette communauté. Dans une déclaration au ton très conciliant, il a réaffirmé sa « loyauté inconditionnelle » envers le roi Salman ben Abdelaziz Al Saoud, ainsi que son « amour profond pour le peuple saoudien », assurant sa confiance dans « la justice et l’intégrité du système saoudien ».

Des sources proches du mouvement Habad ont toutefois tenu à prendre leurs distances, précisant que Jacob Herzog ne représente pas officiellement Habad et que son initiative de se présenter comme « grand rabbin d’Arabie saoudite » relève d’une démarche personnelle, sans reconnaissance institutionnelle.

Cet incident, en apparence marginal, envoie plusieurs signaux à Jérusalem. D’abord, il souligne que l’ouverture saoudienne reste strictement encadrée, en particulier sur le terrain religieux. Malgré les réformes sociales et économiques portées par le prince héritier Mohammed ben Salmane, certaines lignes rouges persistent, notamment dès qu’il s’agit de visibilité juive organisée. Ensuite, pour Israël, cet épisode rappelle que la normalisation avec Riyad demeure officieuse et réversible, dépendante d’équilibres internes complexes au sein du royaume. Les gestes d’ouverture existent, mais ils peuvent être contrecarrés à tout moment par des résistances bureaucratiques ou idéologiques. Enfin, le timing n’est pas anodin : à l’heure où les discussions régionales sur l’après-guerre à Gaza et sur un possible élargissement des Accords d’Abraham restent en suspens, cette affaire illustre la prudence extrême de l’Arabie saoudite dès qu’un dossier touche, même indirectement, à Israël et au judaïsme. Un rappel utile, pour Jérusalem, que dans la région, les symboles comptent parfois autant que les déclarations diplomatiques.

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