Sécurité

Le Hezbollah de l'intérieur

Un témoignage exceptionnel diffusé par la chaîne israélienne N12 révèle l’état du Hezbollah, alors que plane le risque d’une nouvelle escalade avec Israël : mouvement affaibli traversé par des doutes profonds, et miné par la conviction que l’appareil sécuritaire israélien a pénétré ses rangs en profondeur.

3 minutes
25 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Le Hezbollah de l'intérieur

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Selon cet homme, une majorité de militants remet désormais en question le sens même de la lutte armée.
« Si on nous enlève les armes et qu’on nous permet de retourner dans nos maisons, sur nos terres, je pense que c’est ce qu’il faut faire, nous avons gardé ces armes pour protéger nos foyers, mais au final nous n’avons protégé ni nos maisons, ni nos terres, ni la "Palestine". Alors à quoi servent-elles ? » Le "combattant" affirme que 60 à 70 % des militants partagent en privé ce constat, sans pouvoir l’exprimer publiquement. La guerre a laissé derrière elle des villages détruits, une population déplacée et appauvrie, et un profond désenchantement : « Si on me garantit une vie digne, avec ma famille, comme avant la guerre, je suis prêt à rendre les armes ».

Ces propos font écho aux déclarations récentes du Premier ministre libanais Nawaf Salam, qui a rappelé qu’« il ne peut y avoir deux armées dans un même État », appelant à une souveraineté pleine de l’État libanais. Mais entre les paroles politiques et une mise en œuvre sur le terrain, le fossé reste immense.

Le témoignage est également sévère à l’égard de la direction actuelle du Hezbollah. Depuis la disparition de Hassan Nasrallah, le nouveau secrétaire général Naim Qassem peine à s’imposer : « On ne le comprend pas. Il y a un fossé énorme entre lui et Nasrallah et une perte d’autorité et de cohésion au sein des unités combattantes.» Une crise de leadership qui affecte directement le moral et la discipline, à un moment où l’organisation cherche à se reconstruire après des pertes lourdes.

L’aspect le plus frappant du témoignage concerne le sentiment d’infiltration massive : « Israël sait sur nous plus que ce que nous savons sur nous-mêmes. Les noms de nos enfants, de nos familles…tout et 70 % des activistes travailleraient, volontairement ou non, pour Israël.» Qu’il s’agisse d’agents, de doubles jeux ou de fuites technologiques, cette conviction traduit une crise de confiance interne majeure. « Nous attendons chaque jour les déclarations du porte-parole de Tsahal en arabe pour comprendre ce qui va nous arriver », dit-il, décrivant une organisation désormais sur la défensive, loin de l’image de puissance dissuasive d’autrefois.

Malgré ces fissures, les experts rappellent que le Hezbollah reste une organisation structurée, patiente et enracinée, capable d’encaisser des revers sans s’effondrer. Abandonner les armes serait, pour sa direction, un risque existentiel, bien plus grave que les pertes militaires. Ce témoignage rare révèle néanmoins un tournant : le mythe de l’unité et de l’invulnérabilité du Hezbollah s’effrite de l’intérieur, sur fond de lassitude sociale, de critiques internes et de perception d’une supériorité israélienne technologique et opérationnelle. Reste à savoir si ces fractures resteront confinées aux conversations privées — ou si elles finiront par redessiner durablement le paysage stratégique libanais.

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