« Il y a des choses que le corps comprend avant même que l’esprit puisse les formuler », explique-t-elle. « La peur paralyse. Je me suis tue. » Romi Gonen révèle que la première agression a eu lieu dès le quatrième jour de sa détention. Un membre du personnel médical est entré avec elle sous prétexte de l’aider à se laver, alors qu’elle était blessée et affaiblie. « Je n’avais aucune force. Aucun contrôle. Il a tout pris. » Elle raconte ensuite avoir dû continuer à vivre sous le même toit que son agresseur.
Les jours suivants, les abus se sont poursuivis : attouchements, menaces, surveillance constante, accompagnement forcé aux toilettes, tentatives d’isolement et d’intimidation : « Seize jours. Cela peut sembler court. Pour moi, ce furent les seize pires jours de toute ma captivité. »
Le troisième épisode, selon ses mots, fut le plus traumatisant. Peu avant son transfert à un autre lieu de captivité, l’un de ses geôliers l’a contrainte à se rendre dans les sanitaires. L’agression a duré près d’une demi-heure. : « Je pleurais sans pouvoir m’arrêter. Lui, il vivait le moment comme un cadeau. Il savait que c’était sa dernière occasion. »
Elle décrit un contraste insoutenable entre la violence subie et le monde extérieur visible à travers une petite fenêtre : « Le ciel était bleu, les oiseaux chantaient. Et moi, j’étais là. Ce décalage m’a brisée. » À la sortie, l’homme l’a menacée avec une arme : « Si tu racontes quoi que ce soit, je te tue. »
Romi décrit un climat permanent de peur : interdiction de pleurer, crainte de représailles, absence totale de protection. Elle raconte aussi la terreur d’une grossesse imposée, jusqu’à ce qu’un test, exigé par ses geôliers, se révèle négatif : « Tout était pensé pour me déposséder de moi-même. Même mon corps ne m’appartenait plus. »
Ce récit, difficile à entendre, s’inscrit dans une série croissante de témoignages sur les violences sexuelles systématiques subies par des femmes et des hommes revenus de captivité. Par sa parole, Romi Gonen dit ne chercher ni la compassion ni le choc médiatique : elle affirme vouloir nommer les faits, pour que le silence ne protège plus les agresseurs : « Je parle aujourd’hui parce que me taire, c’était continuer à leur donner du pouvoir. »
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