Selon les évaluations diplomatiques, la rencontre devrait se concentrer sur deux axes majeurs : la fin de la guerre à Gaza et le dossier iranien. Une option intermédiaire n’est toutefois pas exclue : une annonce officielle du lancement de la phase 2, limitée à des mesures politiquement moins sensibles, comme la mise en place de structures civiles technocratiques ou de mécanismes administratifs placés sous supervision internationale.
Ce rendez-vous sera aussi, pour Donald Trump, l’occasion d’adresser un message clair au monde arabe et musulman : malgré les obstacles et les résistances, son administration continue de pousser son initiative diplomatique. À ses yeux, l’annonce d’un succès tangible – susceptible de marquer la fin des combats à Gaza – renforcerait son image de médiateur efficace, constituerait un atout de politique étrangère à l’approche des élections de mi-mandat de novembre et nourrirait, en filigrane, ses ambitions de reconnaissance internationale.
Washington cherche ainsi à promouvoir un cadre politique large, destiné à jeter les bases d’une accalmie durable. En face, Benyamin Netanyahu campe sur une ligne qu’il juge non négociable : aucun progrès ne sera possible sans le désarmement total du Hamas et la démilitarisation complète de la bande de Gaza.
Des responsables sécuritaires israéliens avertissent qu’un retrait progressif de Tsahal ou un transfert de compétences civiles, sans élimination définitive des capacités militaires du Hamas, risquerait de préserver la puissance du mouvement islamiste, de renforcer son statut politique et de lui offrir une nouvelle légitimité sur les scènes palestinienne et régionale.
Malgré ces divergences, les canaux officiels insistent sur l’existence d’une coordination étroite entre les deux dirigeants. Trump considère Netanyahou comme un partenaire clé dans la mise en œuvre de son plan régional. Selon l’entourage du Premier ministre, aucune avancée vers la phase 2 n’est envisageable sans garanties sécuritaires solides pour Israël. Jérusalem entend préserver les acquis militaires de Tsahal à Gaza comme levier pour le désarmement du Hamas, sa dissuasion durable et l’effondrement de son pouvoir.
Les mêmes sources soulignent que Trump est conscient du contexte politique israélien : année électorale oblige, Netanyahu ne peut accepter de concessions susceptibles d’affaiblir sa position intérieure ou de compromettre ses chances de réélection. La position finale du président américain reste incertaine : suivra-t-il les recommandations de ses conseillers ou se rangera-t-il aux arguments sécuritaires présentés par Netanyahou ? Dans un tel scénario, les décisions les plus lourdes – retrait de Tsahal vers un périmètre sécuritaire, désarmement du Hamas, démilitarisation de la bande de Gaza et déploiement éventuel d’une force internationale de stabilisation – seraient repoussées à une étape ultérieure. Washington peine encore à rallier des pays arabes et musulmans à une telle force, tandis qu’Israël rejette catégoriquement toute participation militaire turque, considérée comme une ligne rouge absolue.
Le volet iranien, ainsi que l’avenir des réseaux régionaux de Téhéran, devrait être abordé en tête-à-tête et rester largement confidentiel. En revanche, la question de la phase 2 à Gaza devrait occuper le devant de la scène lors des déclarations publiques. Plusieurs rencontres pourraient même avoir lieu.
Des responsables sécuritaires estiment que ce sommet pourrait produire des titres évoquant une « avancée » ou une « percée diplomatique ». Mais l’essentiel restera en suspens : cette initiative marquera-t-elle réellement le début de la fin de la guerre, ou relèvera-t-elle surtout d’une tentative de créer un élan politique sans s’attaquer au cœur du conflit ? Entre la pression américaine, les lignes rouges israéliennes et la réalité sécuritaire sur le terrain, la route vers la deuxième phase du plan Trump apparaît, à ce stade, semée d’obstacles.
Hamas : refus du désarmement, crainte d’un contournement politique
Pour le Hamas, l’ouverture d’une phase 2 constitue avant tout une source d’inquiétude stratégique. Le mouvement islamiste perçoit l’initiative américano-israélienne comme une tentative de l’évincer politiquement, à travers la création de structures civiles alternatives présentées sous l’étiquette de « technocratie » et de « supervision internationale ». S’il se dit prêt, sur le plan tactique, à prolonger le cessez-le-feu, le Hamas rejette catégoriquement toute perspective de désarmement ou de démilitarisation de la bande de Gaza. Pour lui, les armes ne sont pas une monnaie d’échange mais une garantie existentielle, au cœur de sa survie politique et idéologique. En parallèle, le mouvement s’emploie à préserver une influence sur le « jour d’après » : soit par l’intégration de ses cadres dans de futures structures civiles, soit par une capacité de pression indirecte sur les nouvelles institutions. Toute initiative qui couperait Gaza de son contrôle est perçue comme une défaite stratégique majeure, même si elle s’accompagne de reconstruction économique ou d’allègements humanitaires.
Autorité palestinienne : peur d’une marginalisation durable
À Ramallah, l’Autorité palestinienne observe l’évolution du dossier avec une méfiance non moins profonde, mais pour des raisons différentes. Elle redoute la mise en place d’une nouvelle entité palestinienne distincte à Gaza, administrée de facto par des acteurs internationaux, sans retour effectif de son autorité politique, sécuritaire et administrative. Aux yeux de la direction de l’AP, tout arrangement qui exclurait une reprise complète de ses prérogatives risquerait de figer durablement la division palestinienne et d’affaiblir encore davantage sa position sur la scène internationale. Un tel scénario pourrait, selon elle, enterrer définitivement la perspective d’un État palestinien unifié, en Judée-Samarie comme à Gaza. Si l’Autorité palestinienne souhaite voir le Hamas affaibli, elle refuse d’être reléguée au second plan. Elle exigera donc un rôle central dans toute future architecture civile et s’opposera à des solutions élaborées au-dessus de sa tête, qu’il s’agisse de technocrates locaux ou d’instances internationales.
À quelques heures d'un possible tournant diplomatique, la scène palestinienne reste ainsi profondément fragmentée : d’un côté, un Hamas arc-bouté sur son arsenal et son pouvoir de fait à Gaza ; de l’autre, une Autorité palestinienne affaiblie, soucieuse de ne pas disparaître du jeu politique. Deux lignes rouges distinctes, mais un même refus d’un processus qui se construirait sans elles.
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