Cette cartographie inédite repose sur un vaste projet de science citoyenne mené depuis 2019, et piloté par Université de Tel Aviv, le Musée de la Nature Steinhardt et la Société pour la protection de la nature en Israël. Elle. permet pour la première fois de visualiser la répartition géographique des anémones rouges, blanches, violettes – et même bleutées – du nord au sud du pays, ainsi que leurs périodes de floraison.
Les résultats sont sans appel : les anémones multicolores ne poussent que dans des régions relativement humides, recevant plus de 450 mm de pluie par an. On les trouve principalement dans les zones méditerranéennes du nord et du centre d’Israël, jusqu’à la plaine de Judée, où les sols retiennent davantage l’eau et favorisent une plus grande diversité.

Université de Tel-Aviv
À l’inverse, dans le Néguev et les régions plus chaudes et arides, les anémones rouges dominent presque seules le paysage. Les chercheurs expliquent ce phénomène par la nature des sols, riches en calcaire et en carbonate de calcium, des conditions idéales pour cette variété. C’est aussi la raison pour laquelle le célèbre festival « Darom Adom » -Sud Rouge- se décline presque exclusivement en rouge vif.
L’étude montre que les différences ne se limitent pas à la palette de couleurs. Le calendrier de floraison varie lui aussi sensiblement. Les anémones non rouges fleurissent généralement plus tôt, en janvier et février. Dans les populations mixtes, les anémones rouges apparaissent en moyenne deux semaines plus tard. Dans les zones arides, où seules les anémones rouges subsistent, la floraison est encore retardée, souvent jusqu’en mars, voire avril. Ces écarts reflètent une adaptation fine à l’environnement : température, salinité du sol, taux de calcaire, mais aussi type de pollinisateurs. Dans le nord et le centre, les principaux visiteurs sont les abeilles et les mouches, attirées surtout par les fleurs blanches et violettes. Dans le sud, ce sont principalement des coléoptères floricoles, mieux adaptés aux anémones rouges, qui assurent la pollinisation.
Les résultats de cette étude ont récemment été publiés dans la revue scientifique American Journal of Botany. Le principe est simple : des citoyens signalent leurs observations sur le terrain, créant au fil des saisons une base de données unique. Selon les chercheurs, cette méthode permet non seulement de dresser une carte précise des anémones, mais aussi de suivre l’impact du changement climatique sur la floraison et la biodiversité en Israël. Les scientifiques appellent le public à poursuivre les signalements dans les années à venir. Les données collectées aideront à comprendre comment les épisodes climatiques extrêmes influencent les couleurs, les dates de floraison et l’équilibre écologique.
Preuve que, même dans un paysage familier, la nature israélienne n’a pas fini de surprendre.