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Le shekel à son plus haut niveau depuis quatre ans

Le shekel reste l’une des monnaies les plus fortes du moment, et le seuil symbolique des 3 shekels pour un dollar, longtemps impensable, n’est plus tabou dans les salles de marché.

4 minutes
31 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Le shekel à son plus haut niveau depuis quatre ans
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Malgré l’effet désinflationniste d’un shekel fort, le consensus du marché est clair : la Banque d’Israël devrait laisser son taux directeur inchangé lors de la réunion de la semaine prochaine.

Pourquoi la Banque d’Israël temporise

Plusieurs facteurs plaident contre une baisse immédiate des taux : la solidité de l’activité économique, la croissance, l’incertitude géopolitique persistante, le déficit budgétaire prévu par le gouvernement et un marché du travail extrêmement tendu. Autrement dit, même si le shekel fort allège la pression inflationniste, les conditions macroéconomiques ne justifient pas, à ce stade, un assouplissement monétaire rapide.

Gaz, armement et high-tech : les moteurs du shekel

Le retournement du sentiment sur la monnaie israélienne s’est amorcé après les opérations militaires au Liban, puis s’est renforcé à la suite de l’opération « Am Ke'lavi » face à l’Iran. Cette séquence s’est accompagnée d’indicateurs économiques positifs : baisse de la prime de risque géopolitique, hausse marquée des investissements étrangers, envolée des indices boursiers et forte croissance du PIB au troisième trimestre.

À cela s’ajoute l’affaiblissement global du dollar, notamment dans le sillage des tensions commerciales initiées par l’administration Trump. Mais face au shekel, la tendance est encore plus prononcée. Depuis le début du mois, la monnaie israélienne s’est appréciée de plus de 2 % face au dollar.

Les économistes citent plusieurs catalyseurs : l’annonce d’un accord gazier avec l’Égypte, d’importantes ventes d’armement, le regain d’intérêt pour la high-tech israélienne, illustré récemment par l’annonce d’un exit majeur dans la cybersécurité et la hausse de Wall Street, qui pousse les investisseurs institutionnels israéliens à vendre des dollars pour rééquilibrer leurs portefeuilles.

Un soutien à la lutte contre l’inflation, mais un risque pour les exportateurs

Un shekel fort est un facteur clairement désinflationniste, ce que reconnaît la Banque d’Israël elle-même, estimant que le niveau actuel du taux de change reste compatible avec les modèles économiques. En revanche, l’appréciation de la monnaie pèse sur la rentabilité des exportations. Les économistes relativisent toutefois cet impact : la compétitivité de l’économie israélienne permet, pour l’instant, d’absorber ce choc sans menace immédiate sur les exportations.

Intervention ou statu quo ?

Théoriquement, la Banque d’Israël dispose de deux leviers pour freiner l’appréciation du shekel : intervenir sur le marché des changes ou baisser les taux. Certaines maisons d’investissement estiment que la poursuite du mouvement accentue la pression sur la banque centrale. Plusieurs établissements, dont Discount et Mor, évoquent même la possibilité d’un dollar à 3 shekels d’ici un an.

Pourtant, la position dominante sur le marché reste prudente : aucune intervention imminente n’est attendue. L’inflation annuelle s’est stabilisée à 2,4 %, dans la fourchette cible (1–3 %), et l’indice des prix à la consommation a reculé de 0,5 % en novembre. Mais la Banque d’Israël, qui n’a réduit son taux que de 0,25 point en novembre, adopte une ligne qualifiée de lente, restrictive et très mesurée.

Il subsiste des risques inflationnistes

Le marché du travail est extrêmement tendu, avec un chômage autour de 3 % et un nombre record de postes vacants. Cela exerce une pression haussière sur les salaires et constitue un risque inflationniste. Sans oublier l’incertitude sécuritaire — notamment un possible regain de tensions avec l’Iran ou sur le front nord — ainsi que les zones d’ombre autour de la politique budgétaire, le déficit prévu pour 2026 n’ayant cessé d’être relevé avant même son adoption par la Knesset.

Contrairement à la Réserve fédérale américaine, engagée dans un cycle de baisses de taux plus marqué, Israël évolue dans un contexte différent. La sortie progressive de la guerre, la vigueur de la demande intérieure et la dynamique du marché du travail justifient, aux yeux de nombreux analystes, une approche plus prudente.

En ligne de mire : les nouvelles prévisions

Tous les regards se tournent désormais vers les prévisions économiques que publiera la Banque d’Israël la semaine prochaine. Elles seront déterminantes pour évaluer la trajectoire future de la croissance, de l’inflation et des taux. D’ici là, une chose est sûre : le shekel reste l’une des monnaies les plus fortes du moment, et le seuil symbolique des 3 shekels pour un dollar, longtemps impensable, n’est plus tabou dans les salles de marché.

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