L'Espagne a officiellement annoncé qu'elle maintenait sa décision de boycotter le Concours Eurovision de la chanson si Israël y participe, et ce malgré les nouvelles règles adoptées par l'Union européenne de radiodiffusion (UER). Madrid a choisi de rendre publique sa position sans attendre la session plénière de l'UER prévue début décembre.
Cette décision est d'autant plus significative que l'Espagne fait partie des cinq pays majeurs qualifiés d'office pour la finale et qui financent une part importante du concours. Le pays est également l'un des plus fervents critiques d'Israël sur cette question.
Le président de l'Union espagnole de radiodiffusion a justifié cette position par deux raisons principales : "avant tout par le génocide commis à Gaza. Je crois que l'Eurovision est une compétition, mais les droits humains ne sont pas une compétition." Il a également évoqué les "violations systématiques du règlement de l'Eurovision par Israël", accusant l'État hébreu d'"instrumentaliser politiquement le concours et de tenter d'influencer le vote". Selon lui, "tout autre pays ayant agi de la sorte aurait été sanctionné et suspendu."
Le conseil d'administration de l'Union de radiodiffusion islandaise a quant à lui décidé de recommander à l'UER l'exclusion d'Israël du concours 2026. La décision a été adoptée à une courte majorité de cinq voix contre quatre. On ignore encore ce que fera l'Islande si cette recommandation n'est pas suivie d'effet.
À l'inverse, la Slovénie a rapidement précisé qu'elle entendait participer au concours, même en cas d'exclusion d'Israël. Cette clarification intervient après que le programme de production de la chaîne locale RTVSLO n'ait mentionné ni le concours, ni la sélection nationale, ni même la diffusion de l'Eurovision, laissant craindre un retrait du pays.
L'Irlande a indiqué que sa position restait inchangée malgré la modification du règlement, tandis que celle des Pays-Bas demeure incertaine.
De nouvelles règles controversées
Vendredi dernier, l'UER a annoncé plusieurs modifications du règlement pour l'édition 2026, qui se tiendra à Vienne. Parmi les changements : l'introduction du vote des jurés en demi-finale et en finale, le renforcement des restrictions sur les campagnes d'incitation au vote, la limitation du nombre de votes à 10 par personne (contre 20 auparavant) et un contrôle renforcé contre la fraude électorale.
Ces mesures semblent répondre directement aux critiques visant Israël. L'augmentation du poids du vote des jurés – qui ont clairement voté contre Israël lors des dernières éditions, contrairement au public – ou les restrictions sur les campagnes de mobilisation visent à empêcher l'Etat hébreu d'obtenir un trop grand nombre de voix de la part du public. Lors de la dernière édition, le poinds du vote populaire avait propulsé Israël en seconde place du concours.