Malgré le retour progressif des compagnies étrangères à l’aéroport Ben Gourion, l’industrie aérienne israélienne reste fragilisée par des turbulences mondiales. Intervenant au Israel Business Conference, Nadav Hanin, vice-président marketing, digital et communication d’El Al, a prévenu que la stabilisation observée en Israel pourrait être rapidement freinée par une crise structurelle à l’échelle internationale. « Il existe aujourd’hui un déséquilibre majeur entre l’offre et la demande dans le monde, avec une pénurie dans la chaîne d’approvisionnement, aussi bien pour les avions que pour les moteurs », a-t-il expliqué, citant notamment la situation de compagnies contraintes d’immobiliser une partie de leur flotte faute de moteurs disponibles.
Selon les chiffres des constructeurs, la tension est massive: en 2024, Boeing et Airbus ont totalisé 15 000 commandes d’avions, mais n’en ont livré que 1 100. Le marché aurait pourtant besoin d’environ 2 100 appareils par an pour se rééquilibrer. Résultat: la pénurie pourrait amputer les revenus du secteur mondial d’environ 11 milliards de dollars. « Tant que la production n’augmente pas fortement, l’écart persistera », a insisté Hanin. Sur le terrain, la reprise est néanmoins visible: on est passé de 24 compagnies actives pendant la guerre à environ 60 aujourd’hui à Ben Gourion. Mais certaines restent absentes, dont Turkish Airlines et Ryanair, tandis qu’easyJet ne prévoit son retour qu’en mars 2026.
Le dirigeant d’El Al a par ailleurs dénoncé une concurrence jugée inégalitaire, notamment face au projet de hub de Wizz Air en Israel. Selon lui, les compagnies étrangères ne sont pas soumises aux mêmes contraintes sécuritaires et réglementaires que les transporteurs israéliens. Il a aussi rejeté les accusations de flambée abusive des prix durant la guerre: « L’augmentation moyenne du billet n’a pas dépassé 16% ». El Al revendique enfin son avantage sécuritaire et opérationnel: équipages israéliens, pilotes issus de l’Armée de l’air, horaires plus favorables et politique bagages incluse. « En période d’incertitude, cela fait toute la différence », a conclu Hanin.