La décision du ministre des Finances Bezalel Smotrich d’augmenter le seuil d’exemption de TVA sur les achats effectués à l’étranger continue de provoquer un tollé à la Knesset. Si l’économie israélienne reste globalement solide, c’est surtout l’explosion de la dette liée à la guerre qui pèse désormais sur les finances publiques – et c’est précisément dans ce contexte que la réforme est jugée incompréhensible par plusieurs responsables politiques.
En première ligne, le président de la Commission des Finances, Hanoch Milvitzky, dénonce une mesure « en totale contradiction avec les besoins stratégiques de l’État et de l’industrie israélienne ». Selon lui, alors même que des milliards de shekels sont mobilisés pour soutenir les entreprises locales – confrontées à des pertes, des ruptures d’approvisionnement ou des fermetures temporaires – le gouvernement choisit d’offrir un avantage fiscal massif aux géants du e-commerce étranger.
Milvitzky pointe particulièrement les plateformes chinoises, qui « ne paient pas d’impôts en Israël » tout en gagnant des parts de marché au détriment des commerçants locaux. Pour le député, le ministère des Finances mène une politique « d’économie électorale destructrice », une mesure séduisante pour les consommateurs frappés par la crise du coût de la vie, mais catastrophique pour un secteur productif déjà sous tension.
Plusieurs organisations professionnelles ont rejoint la fronde, rappelant que près de 20 % des petites entreprises signalent aujourd’hui un risque de fermeture, notamment dans la mode, l’équipement domestique et la production artisanale – des secteurs durement touchés par la domination asiatique dans le commerce en ligne.
Face à ces critiques, le ministre des Finances défend une réforme destinée à « soulager les familles » dans une période particulièrement difficile pour le pouvoir d’achat. Mais les défenseurs du “Made in Israel” préviennent déjà : cette décision pourrait accélérer les faillites et provoquer une érosion durable de la production locale.
Le débat devrait s’intensifier lors des prochaines sessions de la Commission des Finances, où les élus pro-industrie exigent désormais une révision immédiate de la mesure.