Au sein du renseignement militaire israélien -Aman-, une certitude : le Hezbollah dissimule l’essentiel de ses actifs stratégiques dans un vaste réseau de tunnels et de bunkers enfouis sous les immeubles résidentiels de la banlieue sud de Beyrouth, la Dahieh. Moins profonde et moins ramifiée que celle de Gaza, en raison de la nature du sol, cette infrastructure souterraine n’en constitue pas moins un pilier central de la stratégie défensive et offensive de l’organisation chiite.
Le signal annonciateur d’une possible escalade remonte à environ un mois avec l’élimination d’un haut responsable militaire du Hezbollah. Contre toute attente, l’organisation a choisi la retenue, s’abstenant de toute riposte immédiate. Mais, selon les évaluations de Tsahal, cette phase de contention ne devrait pas se répéter.
Les scénarios élaborés par Tsahal anticipent, en cas de nouveau cycle de confrontation, l’activation par le Hezbollah d’un plan de feu structuré : tirs massifs de missiles, de roquettes, de drones et de munitions rôdeuses sur plusieurs jours, avec une intensité supérieure aux précédents affrontements.
Contrairement aux cycles passés, un mécanisme de gestion de crise est toutefois déjà en place. Il repose sur une cellule conjointe américano-libanaise, opérant entre Beyrouth et le commandement Nord de Tsahal à Safed, chargée de contenir une éventuelle escalade. Selon des sources sécuritaires, Israël ne lancera cependant pas d’opération majeure sans l’aval du président américain Donald Trump, ce qui rend improbable toute action avant la rencontre Trump-Netanyahou prévue à la fin du mois à Miami.
Un Hezbollah fragilisé politiquement, mais toujours redoutable
Les services de renseignement israéliens constatent que le Hezbollah privilégie, à ce stade, l’absorption des frappes quasi quotidiennes de Tsahal tout en gérant des fragilités internes croissantes. Son hégémonie politico-sociale au Liban s’est érodée : l’organisation peine à indemniser les milliers de déplacés internes dont les logements ont été détruits, ainsi que les familles endeuillées et les blessés. Selon Tsahal, une partie de la base chiite se tourne progressivement vers le mouvement Amal, perçu comme plus stable sur le plan social. Militairement, toutefois, le Hezbollah demeure plus puissant que l’armée libanaise, et les responsables israéliens estiment que le véritable basculement stratégique n’interviendra que lorsque cet équilibre sera inversé. D’ici là, l’organisation poursuit sa reconstruction, notamment par la production locale d’armements et la conversion de roquettes en missiles de précision. Les responsables sécuritaires israéliens avertissent : toute tentative concrète de désarmement forcé rendrait le Hezbollah plus agressif. L’organisation ne désarmera pas volontairement, tandis que l’armée libanaise adopte une posture institutionnelle prudente, soucieuse d’éviter une confrontation interne.
Dans sa tentative de dispersion hors de la Dahieh, le Hezbollah se heurte à une hostilité croissante des habitants de Beyrouth. De nombreux propriétaires libanais refusent désormais de louer leurs appartements à des membres du Hezbollah par crainte de devenir une cible de Tsahal. D'autres n’hésitent plus à faire expulser des familles liées à l’organisation terroriste, conscients qu’aucune compensation ne leur serait accordée en cas de frappe israélienne. Un phénomène inédit, révélateur d’un changement de perception au sein de la société libanaise. Cette réticence complique la dispersion des infrastructures de l’organisation, contrainte de revoir ses modes d’implantation et de dissimulation en milieu urbain.
À cette pression s’ajoute un enjeu politique majeur : les élections législatives libanaises prévues en mai. Le secrétaire général actuel du Hezbollah, Naïm Qassem, 72 ans, est décrit par Aman comme davantage préoccupé par la cohésion interne et la restauration de la légitimité politique de l’organisation que par une confrontation frontale avec Israël. Le glissement d’une partie de l’électorat chiite vers Amal en constitue un indicateur supplémentaire.
Vers une nouvelle confrontation ?
Pour les services de renseignement israéliens, le Hezbollah reste dissuadé mais non vaincu. L’organisation conserve un arsenal conséquent et des dizaines de milliers de combattants, même si sa structure de commandement a été profondément affectée ces derniers mois. Le défi à venir ne se limitera pas à la neutralisation des infrastructures militaires, mais à la gestion d’un adversaire plus prudent, plus diffus et toujours soutenu par l’Iran. Selon Aman, Téhéran pourrait même accroître son aide financière, au-delà des quelque 700 millions de dollars annuels déjà alloués.
« Pour l’Iran, le Hezbollah demeure un projet stratégique central, les équilibres évoluent, mais la menace reste entière», résume une source sécuritaire israélienne.
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