Une conversation téléphonique inédite, diffusée ces dernières heures et datant du 28 décembre 2008, met en lumière un échange tendu entre l’ancien président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, et Khaled Mechaal, alors chef du Hamas à l’étranger. L’appel intervient au lendemain du lancement de l’opération israélienne « Plomb durci » et révèle des divergences profondes, rarement exposées publiquement à l’époque, entre dirigeants arabes et le mouvement islamiste.
Selon Kan News, Ali Abdallah Saleh reproche frontalement au Hamas les tirs de roquettes vers Israël, affirmant qu’ils servent avant tout de prétexte aux frappes israéliennes et qu’ils causent des pertes massives au sein de la population palestinienne. Le président yéménite dénonce une stratégie qu’il juge contre-productive, soulignant le déséquilibre des pertes humaines et accusant le Hamas de ne pas protéger les civils ni de les éloigner des zones ciblées.
Face à ces critiques, Khaled Mechaal insiste sur deux exigences posées par le Hamas aux pays arabes : l’arrêt des opérations israéliennes et la levée du blocus de Gaza. Mais son interlocuteur balaie l’argument, lui demandant si les roquettes ont réellement permis d’améliorer la situation sur ce plan. Ali Abdallah Saleh affirme que les questions des points de passage, notamment Rafah, doivent être réglées par la voie diplomatique lors d’un sommet arabe, et non par l’escalade militaire.
La diffusion de cet enregistrement, plus de quinze ans après les faits, intervient dans un contexte régional profondément transformé. Elle met en évidence qu’au sein même du monde arabe, la stratégie du Hamas faisait déjà l’objet de critiques sévères, accusée de faire payer un prix lourd aux civils palestiniens sans bénéfice politique tangible.