Dans sa déclaration déposée ce matin (lundi) auprès de la Cour suprême, Ronen Bar, chef du Shin Bet limogé par le gouvernement, porte de graves accusations contre le Premier ministre.
Il annonce, par ailleurs, qu’il démissionnera de son poste dans les prochaines semaines, comme si le gouvernement n’avait pas voté à l’unanimité pour son limogeage.
Dans son témoignage, Bar revient sur l’affaire dite du Qatargate, qu’il qualifie de menace majeure à la sécurité nationale. Il estime que cette affaire compromet les négociations pour la libération des otages, renforce le Hamas et détériore les relations entre Israël et l’Égypte.
Mais les révélations les plus sensibles concernent les pressions politiques exercées, selon lui, directement par Netanyahou. Le chef du renseignement intérieur affirme que le Premier ministre lui aurait demandé d’agir illégalement contre des figures de l’opposition impliquées dans les manifestations antigouvernementales. « On m’a clairement exprimé l’attente que le Shin Bet surveille des citoyens israéliens, des militants, ainsi que les financiers des protestations », écrit-il. Bar ajoute qu’en cas de crise constitutionnelle, des consignes lui ont été données de suivre les ordres du Premier ministre, au mépris des décisions de la Cour suprême.
Bar accuse également Netanyahou d’avoir tenté d’influencer le déroulement de son procès pour corruption. Il affirme avoir été soumis à des pressions répétées pour émettre un avis juridique destiné à faire obstruction au bon déroulement de la procédure judiciaire en déclarant que le Premier ministre ne pouvait pas témoigner devant la Cour pour des raisons sécuritaires, ce qu’il a refusé de faire.
Par ailleurs, il revient sur son éviction soudaine de l’équipe en charge des négociations sur les otages, intervenue selon lui à un moment critique : peu après le retour d’une première vague d’otages et alors que débutaient les discussions sur la suite de l’accord.
Il réfute aussi les critiques à son encontre au regard de son attitude la nuit du 6 au 7 octobre 2023. Il lui est reproché de ne pas avoir prévenu l’échelon politique du développement des événements alors même que des renseignements sur des mouvements suspects dans la Bande de Gaza étaient en sa possession. Bar affirme qu’il n’a rien caché à l’échelon politique et qu’à 5h15 du matin le 7 octobre, au terme d’une évaluation de la situation, il a informé le secrétaire militaire du Premier ministre des éléments connus. Un détail qui ne figure pas dans le compte-rendu de l’enquête menée par le Shin Bet sur le 7 octobre.
La réaction du bureau du Premier ministre ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué, il dénonce des accusations mensongères : « Ronen Bar a déposé aujourd’hui une déclaration mensongère à la Cour suprême. Elle sera réfutée en détail très prochainement ».