Alors que la ville de Nice s’apprête à accueillir la 3ème Conférence des Nations unies sur les océans du 9 au 13 juin, dans une tribune dans le journal Ha'aretz, l’ambassadeur de France en Israël, Frédéric Journès, exhorte Israël à s’engager pleinement dans la protection des mers et des océans, au nom d’un bien commun en péril.

« Parmi tous les liens qui unissent la France et Israël, la Méditerranée est sans doute le plus précieux », rappelle Frédéric Journès. Bien que cette mer ne représente que 0,8 % de la surface des océans, elle abrite à elle seule 18 % des espèces marines répertoriées, dont un tiers sont endémiques. Une richesse écologique qui va de pair avec un poids économique majeur : le tourisme, la pêche et les activités commerciales liées à la Méditerranée génèrent chaque année plus de 450 milliards de dollars et font vivre des millions de personnes.

Tel-Aviv, au bord de la Méditerranée, crédit : Istock

Mais cet écosystème unique est en danger. « Chaque minute, ce sont l’équivalent de 33 800 bouteilles en plastique qui sont déversées dans la Méditerranée », alerte le diplomate. La pollution, la surpêche, le changement climatique, l’acidification des eaux et la montée du niveau de la mer ont des conséquences dramatiques sur la biodiversité. Plus de la moitié des poissons d’eau douce endémiques et 42 % des requins et raies y sont aujourd’hui menacés d’extinction.

Dans ce contexte, la conférence de Nice constitue une opportunité cruciale pour inverser la tendance. « Il ne s’agit plus de simples déclarations de principe. Il faut des décisions concrètes et une volonté politique forte », affirme l’ambassadeur. La France entend porter des engagements opérationnels pour améliorer la gouvernance des espaces maritimes, renforcer les financements et accélérer la production de connaissances scientifiques sur les océans.

Frédéric Journès insiste notamment sur l’importance de ratifier l’Accord sur la biodiversité marine des zones situées au-delà des juridictions nationales (BBNJ), qui vise à combler le vide juridique des hautes mers, aujourd’hui livrées à la surexploitation. « Ce sont plus de 60 % des océans qui échappent encore à tout cadre légal international. Cela ouvre la voie à des pratiques destructrices : pêche illégale, pollution plastique et exploitation des hydrocarbures. Cet accord doit entrer en vigueur au plus vite. »

Autre priorité : le développement d’une « économie bleue durable » grâce à des investissements publics et privés responsables. « Pour continuer à profiter des ressources marines, il faut impérativement en garantir la régénération », souligne-t-il.

Mais la protection des mers passe aussi par la connaissance. « Nous sommes capables de cartographier la Lune ou Mars, mais nous ignorons encore en grande partie les profondeurs marines », regrette l’ambassadeur. Il appelle à mobiliser la recherche, l’innovation et l’éducation pour combler ce retard et sensibiliser les citoyens aux enjeux océaniques.

Pour Frédéric Journès, la Méditerranée est un patrimoine partagé, mais aussi une responsabilité commune. « Dans un monde marqué par le dérèglement climatique et les tensions internationales, les mers nous relient. Elles doivent devenir un symbole de coopération. »

L’ambassadeur espère qu’Israël saisira cette occasion pour jouer un rôle actif lors de la conférence de Nice : « Ensemble, faisons de ce rendez-vous un tournant décisif pour nos pays, nos enfants et notre planète. »