Dans un témoignage bouleversant livré jeudi soir à l’émission Uvda sur Channel 12, Omer Shem Tov, l’un des otages libérés du Hamas après 505 jours de captivité à Gaza, a révélé que ses ravisseurs ont tenté de le manipuler pour tuer des soldats de Tsahal.
Il a raconté qu'on lui a demandé de faire exploser un bâtiment situé au-dessus du tunnel où il était détenu, alors que les terroristes dispersaient l’équivalent de trois millions de shekels au sol. Lorsqu’il a refusé, ils ont menacé de lui tirer une balle dans la tête. « Tirez, alors », leur a-t-il répondu, résolu.
Enlevé le 7 octobre lors du massacre du festival Nova, Shem Tov a été détenu dans des conditions inhumaines : affamé, privé de lumière, souvent isolé. Il a survécu pendant 50 jours avec un biscuit par jour et de l’eau salée. Les premiers jours, il recevait deux pitas, ce qui lui paraissait déjà misérable. « J’étais si maigre qu’on voyait mes os », confie-t-il.
Il se souvient aussi de la tentative héroïque d’Ori Danino, l’un des rares à avoir fui le massacre avant d’être capturé en revenant sauver d’autres festivaliers. « Il nous répétait : “Baissez la tête !” Ori nous a vraiment protégés », dit-il. Danino, 25 ans, est l'iun des six otages retrouvés morts après avoir été assassinés dans un tunnel à Rafah.
D’abord détenu avec un autre otage, Itay Regev, ils ont été déplacés de cache en cache, avant que Regev soit libéré. L’isolement qui a suivi a marqué un tournant psychologique : « Tout est devenu silencieux. J’ai senti la panique, la solitude. Je devenais fou. »
Il a ensuite été enfermé dans un tunnel exigu, sans lumière, pendant 50 jours. Puis transféré dans un tunnel plus grand où il est resté 400 jours. S’il a échappé aux interrogatoires violents subis par d'autres, la proximité des soldats israéliens n’a fait qu’aggraver les mauvais traitements : coups, insultes, crachats.
À un moment, croyant avoir une chance de s’évader, il s’est levé en pleine nuit. Mais alors qu’il avançait, un des terroristes s’est saisi d’un pistolet. Il ne l’a pas levé. « Je pense que c’était juste pour m’intimider », explique-t-il.
Par bribes, via Al Jazeera, Shem Tov réussissait à capter quelques nouvelles du monde extérieur. C’est ainsi qu’il a appris qu’il faisait partie des 33 otages concernés par un accord d’échange. À partir de ce moment, le Hamas lui a donné un peu plus de nourriture. Après 450 jours passés sous terre, il a enfin pu « respirer de l’air frais ». Un moment qu’il décrit comme « paradisiaque ».

Enfin réunis avec ses parents, crédit : Tsahal
Libéré, Shem Tov confie ressentir une immense culpabilité. « Pourquoi moi et pas eux ? En quoi ma vie vaut-elle plus ? On est tous pareils. Il ne devrait pas y avoir de liste. C’est tout le monde ou rien. »
"Seul un nouvel accord de cessez-le-feu permettra de ramener les 59 otages encore à Gaza. Et s’il tarde, c’est uniquement à cause de la politique » a t-il conclu son témoignage.