L'ambassadeur d'Israël aux États-Unis, Yechiel Leiter, est sous le feu des critiques au sein de la diplomatie israélienne après s'être exprimé sur les affaires intérieures de son pays lors d'une interview avec la chaîne conservatrice américaine PragerU. Ses attaques contre l'opposition israélienne et le système judiciaire sont pointées du doigt par des responsables du ministère des Affaires étrangères, qui dénoncent une rupture sans précédent avec les codes diplomatiques fondamentaux exigeant un devoir de réserve.
Dans son interview, Leiter a qualifié l'opposition israélienne de "maléfique" et accusé la gauche de propager des "complots sanglants" contre le Premier ministre. "Ils essaient de le briser, mais il n'est pas brisé, il devient seulement plus fort", a-t-il déclaré, ajoutant que l'opposition avait "franchi une ligne rouge" et que "cela doit cesser".
L'ambassadeur a rejeté catégoriquement les accusations selon lesquelles Netanyahou prolongerait la guerre pour des raisons personnelles. "Quelle folie de dire une chose aussi malveillante que Netanyahou ne souhaite pas la fin de la guerre", s'est-il indigné. "Il veut qu'elle se termine par une victoire, car il porte le poids du peuple juif sur ses épaules."
Leiter, qui dit connaître Netanyahou depuis 40 ans, le décrit comme "quelqu'un de sensible et soucieux du bien-être des gens" doté d'une "compréhension extraordinaire des dangers existentiels", et fait le lien entre les critiques de Netanyahou et l'antisémitisme mondial : "Si vous qualifiez le juif numéro 1 du monde de criminel de guerre, alors les juifs sont des criminels de guerre."
L'ambassadeur s'en est également pris au système judiciaire israélien, décrivant les accusations contre le Premier ministre comme des "châteaux de cartes" et des "palais de sable" qui "s'effondrent". Il a critiqué les charges retenues contre lui : "Lui a-t-on apporté des cigares, ou a-t-il demandé à un site d'information de publier des articles positifs à son sujet ? Est-ce un pot-de-vin ? C'est juste une insulte."
Leiter a également dénoncé le fait que le Premier ministre soit contraint de témoigner en pleine guerre : "Pouvez-vous imaginer qu'il soit contraint de témoigner alors qu'il négociait la libération des otages ? Alors qu'il planifiait des opérations ?" Il était au tribunal la semaine où il a planifié l'opération au Liban, a-t-il souligné.
De nombreuses réactions émanant du corps diplomatique se sont fait entendre, rappelant qu'un diplomate a pour règle de ne pas commenter les affaires intérieures de son pays, et reprochant à Yehiel Leiter de méconnaître les fondamentaux de la profession. Ils disent craindre également que la proximité de l'ambassadeur avec le Premier ministre ne teinte son mandat d'une couleur politique. Le ministère des Affaires étrangères s'est abstenu de commenter officiellement.
Docteur en philosophie politique et ancien directeur général adjoint du ministère de l'Éducation, Leiter était également président par intérim de la Société portuaire israélienne avant sa nomination diplomatique. Son fils, le major Moshe Yedidia Leiter, père de six enfants et ancien commandant dans l'unité d'élite Shaldag, a été tué dans les combats à Beit Hanoun lors de la guerre actuelle.