Après plus de 30 ans d'attente, l'une des plus belles mosaïques découvertes sur le territoire israélien a été rendue accessible au grand public. La mosaïque de Be'er Shema, vieille d'environ 1600 ans, a été inaugurée dimanche lors d'une cérémonie officielle au complexe du Conseil régional de Merhavim, dans le nord-ouest du Néguev.
Cette œuvre d'art byzantine exceptionnelle se distingue par ses 55 médaillons colorés qui dépeignent avec force détails des scènes de chasse, des animaux exotiques, des figures mythologiques, des paniers de fruits et diverses scènes de la vie quotidienne de l'époque.
Une découverte qui a traversé les décennies
Cette mosaïque a été mise au jour pour la première fois en 1990 dans les zones agricoles au sud du kibboutz Urim, à la limite de Horbat Be'er Shema. Les fouilles archéologiques, menées sous la direction de Dan Gazit et Shaika Lander de l'Autorité des Antiquités d'Israël, avaient alors révélé l'ampleur de cette découverte avant que la mosaïque ne soit recouverte pour assurer sa protection.
"Il s'agit d'une mosaïque unique de la période byzantine, datant de 324 à 638 après l'ère vulgaire.", explique Shaika Lander, qui souligne la qualité exceptionnelle de l'ouvrage : "La mosaïque a été réalisée par un maître artisan ; elle est composée de petites pierres de mosaïque aux couleurs variées, avec incorporation de verre et de poterie pour apporter de la diversité."
Un monastère prospère sur la route des épices
Les recherches archéologiques ont révélé que cette mosaïque ornait un vaste monastère qui prospérait grâce à l'industrie vinicole. Les fouilles ont mis au jour un grand pressoir à vin ainsi que des locaux de stockage pour les jarres, fabriquées directement sur le site.
Le monastère occupait une position stratégique sur l'ancienne route des épices nabatéenne-romaine, axe commercial majeur qui reliait Halutza à Gaza. Cette voie servait de frontière naturelle entre le désert et les zones habitées du pays à l'époque byzantine, et probablement dès la période romaine.
"C'était une grande implantation, s'étendant sur plusieurs centaines de dunams, qui accueillait les voyageurs ayant besoin d'un lieu de séjour et d'une protection contre les attaques des tribus bédouines", précisent les archéologues.
Un sauvetage contre la montre
Au fil des décennies, l'état de conservation de la mosaïque s'était progressivement dégradé. "Dans ce contexte, elle a été redécouverte, traitée et renforcée, puis déplacée de son site d'origine vers le complexe municipal de Merhavim", explique Ami Shahar, responsable du département de conservation de l'Autorité israélienne des antiquités. Ce transfert assure la protection définitive de l'œuvre contre les travaux agricoles et de développement urbain.
Shay Hajaj, président du conseil régional de Merhavim, a déclaré : « Cette magnifique mosaïque, témoignage vivant de la vie qui existait dans le Néguev il y a environ 1 500 ans, sera préservée ici et deviendra un lieu de visite et d'apprentissage privilégié pour les touristes, les étudiants et les habitants de tout le pays. C'est un nouveau chapitre de l'histoire que nous écrivons ici à Merhavim, une histoire qui relie le passé, le présent et l'avenir. »