La commission de sécurité et des affaires militaires de l'Assemblée nationale française a adopté à l'unanimité, mercredi matin, un projet de loi visant à élever Alfred Dreyfus au grade de lieutenant-général à titre posthume. Cette décision historique intervient 126 ans après l'affaire qui a ébranlé la République française et marqué l'histoire de l'antisémitisme européen.
L'ambassade de France en Israël a salué cette décision dans un message publié sur le réseau X, soulignant que "la nation française est imprégnée de justice et n'oublie pas". Le communiqué précise les trois objectifs de cette mesure : "réparer une injustice, rendre hommage à un combattant, souligner que l'antisémitisme d'hier, comme celui d'aujourd'hui, n'a pas et n'aura jamais sa place dans la République".
L'adoption définitive du projet de loi en séance plénière est prévue pour le 2 juin prochain.
Cette démarche symbolique est portée par l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, actuel chef du bloc du centre libéral qui soutient le président Emmanuel Macron, qui considère que cette promotion posthume "enverra un message clair dans le cadre de la lutte contre l'antisémitisme".
Selon ses déclarations, sans "l'humiliation publique et les années d'exil" subies par Dreyfus, celui-ci aurait "naturellement atteint les plus hauts rangs" de l'armée française de son vivant.
L'affaire Dreyfuse, survenue à la fin du XIXe siècle, reste l'un des épisodes les plus marquants de l'histoire française contemporaine. Accusé à tort d'espionnage au profit de l'Allemagne, le capitaine Alfred Dreyfus avait été condamné et déporté sur l'île du Diable en Guyane.
Cette injustice a profondément divisé la société française entre "dreyfusards" - généralement progressistes - et "antidreyfusards" antisémites et conservateurs. Le scandale a révélé au grand jour l'antisémitisme latent de certaines institutions françaises et a contribué à redéfinir les valeurs républicaines.