Il y a vingt trois ans, jour pour jour, le vendredi 1er Juin 2001, il est environ vingt trois heures, des centaines de jeunes font la queue à l’entrée d’une discothèque très branchée du bord de mer de Tel Aviv : le Dolphinarium. La clientèle est jeune, beaucoup ne sont pas majeurs, ils sont pour la plupart originaires de Russie ou d’Ukraine. Parmi eux, un jeune de leur âge, visiblement un juif orthodoxe si l’on juge par ses vêtements, erre dans la foule en se moquant de ces jeunes. Et soudain, un peu avant vingt trois heures trente, le kamikaze palestinien déguisé en orthodoxe fait exploser sa ceinture, tuant sur place vingt et un jeunes dont seize adolescents, et blessant plus de cent vingt personnes.
Pourtant, un cessez-le-feu et des pourparlers israélo-palestiniens étaient en cours. Rien ne laissait présager cet événement. Les deux sœurs Yelena et Youlia Nalimova se réjouissaient de rejoindre leurs amis. Leur mère, Alla Nalimova, se souvient : "Yelena faisait des études de comptabilité et attendait avec impatience son enrôlement à l'armée. Youlia voulait devenir coiffeuse. Ce vendredi 1er juin 2002 était une journée normale, la chose spéciale dont je me souviens était que mes filles essayaient les robes que je leur avais rapportées de Russie, des robes qui ne convenaient pas au climat chaud israélien, elles ont dansé, ri et chanté, c'étaient les dernières heures de grâce que nous avons eu ensemble". Les deux sœurs Nalimova font partie des jeunes qui sont morts ce soir-là.
A l’annonce de l’attentat, dans Ramallah, des dizaines de Palestiniens font la fête dans les rues et tirent en l'air en signe de joie. En Jordanie où il réside, le père du terroriste salue l’acte de son fils : "Je suis fou de joie d’apprendre la mort de mon fils en "martyr". Je souhaite que mes quatre fils restants deviennent également des "martyrs", meurent pour la mosquée Al-Aqsa et causent de lourdes pertes parmi l'ennemi, comme leur frère l'a fait". Il recevra deux mille dollars du ministère palestinien des Affaires sociales ainsi qu’une lettre de félicitation de Yasser Arafat qui salue "un merveilleux modèle d'héroïsme, de virilité et de volonté d'abnégation". Officiellement, l’Autorité palestinienne condamne l’attentat…
L’attentat terroriste palestinien du 1er juin 2001 à l’entrée de la discothèque du Dolphinarium de Tel Aviv, qui a fait 21 morts et plus de 120 blessés, a fortement marqué la société israélienne, et pourtant, plus de vingt ans après, son souvenir est effacé de la mémoire collective, notamment chez les jeunes qui furent pourtant les premières cibles de cette attaque. C’est ainsi que d’année en année, nous nous sommes accoutumés à ce "Génocide par étapes" contre le peuple d’Israël, en faisant de chaque attentat un événement immédiat, surprenant, impromptu, sans lien avec tous les autres attentats. En réalité, chaque jour de l’année, des tentatives d’attentats sont déjoués par les forces de sécurité israéliennes, et chaque lieu de vie qui sont des lieux de massacre potentiels – centres commerciaux, synagogues, écoles, stations de bus, aéroports, marchés, rues piétonnes, restaurants – sont gardés en permanence par des vigiles pour empêcher les attentats, les clients sont contrôlés, les sacs sont fouillés, les objets suspects sont signalés.
C’est pourquoi, si le 1er juin est marqué par ce crime du Dolphinarium, que dire des attentats terroristes palestiniens qui ont tué et blessé des Juifs le 2 juin (1978) par une bombe dans un bus à Jérusalem, le 5 juin (2002) par une voiture piégée à Meggido, le 8 juin (2016) par une fusillade dans une rue de Tel Aviv, le 11 juin (2003) par un attentat suicide dans un bus de Jérusalem, le 12 juin (2014) par le kidnapping et le meurtre d’adolescents du Goush Etzion, le 14 juin (2002) par une bombe dans un restaurant de Herzliya, le 15 juin (1975 et 1981) par une prise d’otages meurtrière à Kfar Youval et des tirs de roquettes dans le Nord d’Israël, le 16 juin (2017) par une attaque au couteau à Jérusalem, le 18 juin (2002) par un attentat suicide dans un bus scolaire à Jérusalem, le 19 juin (2002 et 2003) par une bombe dans une station de bus de Jérusalem et une attaque à Sde Trumot, le 20 juin (2002 et 2023) par des fusillades contre des femmes et des enfants à Itamar et Eli, le 22 juin (1972 et 2001) par des tirs de roquette sur un bus de touristes dans le Golan et à Dugit, le 24 juin (1974) par le mitraillage d’un commando infiltrée à Naharia, le 25 juin (1995 et 2006) par une bombe à Neveh Dkalim et par un assassinat dans le Goush Etzion, le 30 juin (1978 et 2016) par une bombe dans le marche central Ben Yehouda de Jérusalem et une fusillade à Kiryat Arba. Et cela uniquement pour le mois de Juin. On peut en dire autant pour tous les mois de l’année, depuis 1917 jusqu’à aujourd’hui.
On prétend que Tsahal commet un génocide à Gaza mais c’est une aberration : dans un champ de bataille aucune mort ne peut être assimilée à un génocide. Tous les génocides, que ce soit contre les Arméniens, contre les Juifs d’Europe ou contre les Tutsi du Rwanda, ont été menés hors des zones de combat, dans un lieu où il est clair que les uns sont des bourreaux et les autres des victimes. Par contre, si aucun génocide n’a lieu à Gaza, le peuple d’Israël subit un "Génocide par étapes" depuis 1917 jusqu’à nos jours. Les premiers actes terroristes de ce Génocide commencent en 1920 à Jérusalem. Mais dès 1918, à la suite de la déclaration Balfour de Novembre 1917, l’intention génocidaire est clairement établie par le leader des Arabes de Palestine, Amin al-Huseini, qui deviendra Mufti de Jérusalem en 1921. Quand prendra-t-on conscience du "Génocide par étapes" mené contre le peuple d’Israël depuis 1917 jusqu’à aujourd’hui ? C’est de cela que parlait Yasser Arafat, quelques mois après avoir signé les Accords d’Oslo, en Septembre 1993, lorsqu’il évoquait, en Mai 1994, dans une mosquée de Johannesburg, le "plan par étapes". Et ce n’est pas en créant un Etat terroriste aux "frontières d’Auschwitz", que ce "plan par étapes" cessera. Bien au contraire. Le "Génocide par étapes" du peuple d’Israël durera tant que le palestinisme ne sera pas vaincu.
Dr. Isaac Attia, Le livre noir du palestinisme, à paraitre en Octobre 2025