Selon le rapport 2024 du ministère israélien de la Santé, un adulte sur cinq en Israël fume – un taux supérieur de près de 30 % à la moyenne mondiale. Parallèlement, le taux de sortie du tabagisme dans le pays reste inférieur de 50 % à la moyenne des pays de l’OCDE, un indicateur préoccupant qui reflète l’ampleur du défi sanitaire.
Les données, recueillies dans le cadre d’un sondage KAP mené après le début de la guerre, révèlent que le taux de tabagisme chez les adultes israéliens s’établit à 20,5 %, un chiffre stable depuis une décennie. L’écart entre populations est marqué : chez les hommes arabes, le taux atteint 40,3 %. Près d’un quart des non-fumeurs interrogés se disent exposés au tabagisme passif, une exposition presque deux fois plus élevée dans la population arabe que dans la population juive.
Chez les jeunes, les résultats sont tout aussi alarmants : 53 % des adolescents qui expérimentent les produits du tabac débutent avec la cigarette électronique. L’usage de produits aromatisés est généralisé : 88 % chez les consommateurs de narguilé, 82 % pour la cigarette électronique et 45 % pour les cigarettes traditionnelles et le tabac à rouler. Un premier sondage auprès des jeunes issus de la communauté ultra-orthodoxe indique également une forte prévalence de consommation : 54 % dans les yéchivot dès l'âge du secondaire et 80 % chez les jeunes orthodoxes en décrochage scolaire.
En parallèle, seuls 82 conseils locaux sur l’ensemble du pays ont activement appliqué la loi interdisant de fumer dans les lieux publics – alors que plus de 65 % ne transmettent même pas les rapports requis au ministère.
Le ministère de la Santé indique toutefois avoir intensifié sa lutte contre le tabagisme. En plus d’une coopération renforcée avec l’Éducation nationale, les collectivités locales, les caisses de santé, Tsahal et diverses organisations civiles, il mène des campagnes de prévention et de sevrage, développe des programmes éducatifs et crée des environnements sans tabac adaptés à différentes populations.
Un jalon important a été franchi avec l’approbation de nouveaux règlements imposant pour la première fois en Israël l’ajout d’avertissements graphiques sur tous les produits du tabac – cigarettes classiques, électroniques, narguilé, tabac à mâcher ou à sucer. Ces visuels visent à illustrer les conséquences graves du tabagisme actif et passif.
Le ministre de la Santé, Ouriel Busso, a déclaré : « Le tabagisme est l’un des facteurs de risque les plus meurtriers en Israël, surtout chez les jeunes. Nous avons l’obligation nationale de réduire au maximum l’exposition et l’accessibilité aux produits de tabac et de nicotine. »
Moshé Bar Siman Tov, directeur général du ministère, a souligné l’essor préoccupant des cigarettes électroniques chez les jeunes et annoncé l’approbation d’une série de mesures, notamment l’alignement fiscal entre les produits, des campagnes de sensibilisation et la création d’un centre national gratuit de sevrage.
Pour sa part, la Dr Sharon Alroy-Preis, cheffe du département de santé publique, a rappelé que le tabagisme demeure la première cause de décès évitable dans le pays, ajoutant que les chiffres concernant l’e-cigarette doivent alerter sur la banalisation de produits pourtant très dangereux pour les adolescents.
L’Association israélienne de lutte contre le cancer a réagi en appelant à une mobilisation nationale renforcée. Elle insiste sur la nécessité d’un front uni, gouvernement, parlementaires et collectivités, contre ce fléau évitable, tout en poursuivant ses efforts de prévention dans les écoles et sur les réseaux sociaux.