Le Parlement norvégien a rejeté mercredi plusieurs propositions visant à renforcer les critères éthiques du fonds souverain national, le plus important au monde, en lien avec les entreprises opérant en Judée-Samarie. Parmi les textes examinés, une demande de retrait des sociétés « contribuant aux crimes de guerre d’Israël et à l’occupation illégale » des territoires palestiniens. La proposition a été massivement repoussée par 88 voix contre 16.
Grâce à ses revenus issus de l’exploitation pétrolière, la Norvège dispose d’un fonds souverain pesant quelque 1 650 milliards de dollars, investi à travers le monde. Face à l’ampleur des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, le gouvernement norvégien subit une pression croissante pour utiliser cette puissance financière comme levier politique.
Le principal syndicat du pays, LO, a adressé au gouvernement une lettre cosignée par une cinquantaine d’organisations non gouvernementales, réclamant que les investissements du fonds soient alignés sur les obligations juridiques internationales de la Norvège. La rapporteure spéciale des Nations unies sur les Territoires palestiniens, Francesca Albanese, a également adressé une recommandation en ce sens. Dans un courrier daté du 20 mai, elle appelle à un désengagement « complet et sans condition » des entreprises impliquées dans la présence israélienne dans les territoires occupés. Selon elle, le fonds détient pour 121,5 milliards de dollars d’actifs dans des sociétés « impliquées dans le soutien ou la facilitation de violations flagrantes du droit international ».
En réponse, le ministre norvégien des Finances, Jens Stoltenberg, s’est dit convaincu que les investissements actuels ne violent pas les engagements juridiques de la Norvège en vertu du droit international. Il a par ailleurs réitéré l’appel de son gouvernement à l’arrêt des violences, à la libération des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre, et à la reprise de l’aide humanitaire à Gaza.
Le fonds norvégien, régi par un ensemble de règles éthiques strictes, a déjà exclu onze entreprises en raison de leurs activités en Cisjordanie. En mai dernier, il s’est ainsi désengagé du groupe Paz Retail and Energy, actif dans la distribution de carburant au sein des implantations.
Cette position intervient dans un contexte diplomatique tendu entre Oslo et Jérusalem, la Norvège ayant officiellement reconnu l’État de Palestine en mai 2024, aux côtés de l’Espagne et de l’Irlande.