La famille du soldat Matan Angrest, détenu depuis 612 jours dans la bande de Gaza, a autorisé la diffusion lundi soir d'une vidéo montrant son enlèvement et les violences qu'il a subies le 7 octobre. Victime d'un lynchage, il a été enlevé à Gaza alors qu'il était inconscient. Ces images, d'une violence extrême, visent à alerter l'opinion publique et les autorités sur l'état de santé critique du jeune homme.

Les témoignages de survivants de la captivité, associés aux analyses médicales des vidéos et aux informations des services de renseignement israéliens, dressent un tableau très inquiétant de l'état de Matan. Le soldat, qui souffre d'asthme chronique, présente une détresse respiratoire sévère et serait selon ces sources en danger de mort immédiat.

Les témoignages recueillis font état de tortures systématiques, notamment l'utilisation de décharges électriques jusqu'à la perte de conscience. Les séances d'interrogatoire, menées avec "une extrême violence", sont suivies d'agressions répétées.

Les blessures subies lors de son enlèvement - fractures aux pommettes et à la mâchoire inférieure, œil tuméfié avec risque de dommages irréversibles à la vue - ont provoqué des infections accompagnées de forte fièvre, de frissons et de douleurs intenses.

Il ne fait aucune doute que le jeune homme âgé de 21 ans, kidnappé sur son tank à Nahal Oz, a subi des violences particulières en captivité du fait de son statut de soldat.

La décision de rendre publiques ces images découle d'une profonde frustration de sa famille vis-à-vis des autorités. Hagai Angrest, le père du soldat, a dénoncé dans une interview à Maariv "des dysfonctionnements" : "Après notre rencontre avec le Premier ministre il y a trois mois, nous avons réalisé qu'il y avait un grave problème. Netanyahou a demandé à Gal Hirsch : 'Matan est-il blessé ?' C'est là que nous avons compris qu'il y avait un problème et que le Premier ministre n'était pas conscient de son état."

Selon lui, les services de renseignement ont admis ne pas avoir transmis certaines informations cruciales "pour des raisons de confidentialité". La détresse respiratoire et les infections mettant la vie du soldat en danger n'auraient pas été communiquées au comité chargé d'évaluer la situation humanitaire des otages.

Face à ce qu'elle perçoit comme un abandon, la famille a choisi de briser le silence. "Matan n'a tout simplement pas le temps", martèle le père, qui révèle l'existence d'autres vidéos non diffusées montrant son fils "inconscient, amené à moto" puis "réveillé et interrogé à coups de décharges électriques".

Anat Angrest, la mère, décrit le déchirement que représente la diffusion de ces images : "Pendant 611 jours, j'ai évité de regarder la vidéo complète où l'on voit le début du lynchage. Hier soir, je me suis forcée à la regarder pour la première fois. Nous n'avions pas le choix. La vie de Matan est en danger."

La famille exprime une perte de confiance totale envers le gouvernement. "Lors de l'accord précédent, tous les blessés avaient été libérés, sauf Matan", souligne la mère, qui ajoute : "Nous avions donc peur de publier des informations, car c'était un soldat, et finalement, nous avons compris que l'État permet que des soldats soient abandonnés."

Le père formule désormais des exigences claires au Premier ministre : "J'attends qu'il assume ses responsabilités, qu'il nous contacte et qu'il se porte garant de la libération de Matan. Le prochain accord ne sera pas un accord sans Matan, qu'il soit partiel ou total."