Alors que le conflit entre Israël et l’Iran s’intensifie, la Syrie reste remarquablement silencieuse. Aucun communiqué officiel du président Ahmed al-Sharaa, pas de prise de position claire dans les médias d’État, sinon des rappels vagues à la souveraineté nationale.
Selon plusieurs analystes, ce silence n’est pas un choix stratégique, mais une nécessité. La Syrie, économiquement à genoux après plus de dix ans de guerre civile, n’a ni les moyens militaires ni politiques de s’impliquer. Le régime marche sur une corde raide : fidèle à son allié iranien, mais conscient que la moindre implication – même verbale – pourrait déclencher des représailles israéliennes.
Une source diplomatique occidentale à Beyrouth affirme que la Russie fait pression sur Damas pour qu’elle reste neutre et ne permette pas à l’Iran d’utiliser ouvertement le territoire syrien, afin d’éviter une escalade incontrôlable qui mettrait en danger la présence militaire russe sur la base de Hmeimim.
Mais au-delà des pressions extérieures, c’est aussi la crainte de troubles intérieurs qui dicte la prudence du régime. Dans un contexte de crises économiques, de pénurie de carburant, d’inflation galopante et de manifestations sporadiques, notamment à Deraa, Soueïda et sur la côte, une implication dans la guerre pourrait raviver le chaos intérieur.
Un haut responsable syrien, sous couvert d'anonymat, rappelle que la Syrie soutient le droit des peuples à se défendre, mais qu’elle ne participera pas à une guerre qui ne sert ni sa stabilité ni celle de sa population. Tout en affirmant ne pas oublier le rôle négatif de l’Iran dans le pays.
Enfin, certains médias occidentaux évoquent une entente tacite entre Israël et la Syrie, sous l’égide de Moscou, pour limiter les tensions. Une hypothèse non confirmée, mais plausible.
Comme le résume un ancien haut responsable du ministère syrien de la Défense :
« Ce n’est pas notre guerre… mais elle passe au-dessus de nos têtes chaque nuit. »