Toutefois, à ce stade, aucune décision politique n’aurait encore été prise à Téhéran pour franchir le seuil nucléaire et un éventuel passage à l’acte pourrait encore prendre plusieurs mois, voire une année.
À ce jour, rien n’indique que l’Iran ait lancé la fabrication d’une arme mais des scénarios de rupture sont néanmoins envisagés. Une frappe américaine sur le site d’enrichissement de Fordo ou une élimination par Israël du Guide suprême Ali Khamenei pourraient pousser l’Iran à changer de cap et à accélérer brutalement son programme militaire nucléaire. Une fois la décision du Guide suprême prise, il ne faudrait que quelques semaines pour que la bombe soit opérationnelle.
Sans compter que l'avis religieux émis en 2003 par Ali Khamenei interdisant le développement d’armes nucléaires. Ce décret religieux, toujours officiellement en vigueur, est régulièrement cité par les responsables iraniens pour justifier leur position et affirmer que l'enrichissement de l'uranium est lié à un usage civil..
Néanmoins, les stocks d’uranium de l’Iran continuent de susciter de vives inquiétudes. Le général Michael Kurilla, chef du Commandement central américain, a récemment affirmé devant le Congrès que "l’Iran peut produire du matériau fissile en une semaine, et s’il choisit d’accélérer, il pourrait en fabriquer suffisamment pour dix bombes en seulement trois semaines."
La directrice du renseignement national américain, Tulsi Gabbard, avait elle aussi souligné en mars que le niveau d’enrichissement de l’uranium détenu par l’Iran est sans précédent pour un pays non doté de l’arme nucléaire, ce qui selon elle pourrait signaler une volonté de rassembler les éléments nécessaires à la bombe, même si l’assemblage final n’a pas encore été initié.
Il convient néanmoins de rappeler qu’enrichir de l’uranium n’est qu’une étape. Pour obtenir une arme opérationnelle, l’Iran devra non seulement fabriquer une ogive nucléaire mais aussi la miniaturiser pour pouvoir l’intégrer sur un vecteur, tel qu’un missile. Certains analystes estiment cependant que Téhéran pourrait opter pour un "modèle accéléré", inspiré de la bombe larguée sur Hiroshima : une arme lourde et primitive, non compatible avec un lancement balistique, mais redoutable si larguée par les airs.