Alors qu’Israël sort tout juste de l’opération spectaculaire "Am ke’lavi" contre l’Iran, Donald Trump, président des États-Unis, a appelé à l’arrêt immédiat du procès de Benjamin Netanyahu, ou à défaut, à une grâce présidentielle. À ses yeux, ce procès est un "ridicule procès politique", ‘une chasse aux sorcières » indigne d’un pays en guerre :
"Israël est au bord du précipice, Bibi se bat comme jamais – et pourtant il doit se défendre dans un procès sur... des cigares et une peluche de Bugs Bunny ? C’est un cirque politique. Il faut y mettre fin maintenant."
Une déclaration qui secoue le monde politique
Dans la coalition, on a salué avec ferveur les propos de Trump. Le ministre Likoud des Affaires étrangères Gideon Saar a déclaré que "tandis que le parquet prépare l’interrogatoire croisé, le Premier ministre, lui, se consacre à la gestion d’une campagne historique contre l’Iran". Saar a estimé que Netanyahu "est contraint de témoigner quotidiennement dans un procès qui a depuis longtemps perdu toute valeur, et qui traîne depuis plus de cinq ans". Il a rappelé que les juges eux-mêmes ont déjà suggéré au parquet de reconsidérer l’accusation de corruption dans l’une des affaires, et a exhorté à mettre fin à cette saga judiciaire via un accord de plaider-coupable. Le ministre de la culture et des sports, Miki Zohar, a qualifié le procès de "peut-être la pire chose arrivée à Israël ces dernières années". Simcha Rothman, président de la commission de la Constitution, a plaidé pour une grâce présidentielle immédiate, dénonçant des "dossiers cousus de fil blanc" et un acharnement judiciaire en pleine guerre. Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a lui aussi emboîté le pas : "Le Deep State tente une révolution. Il est temps de réformer d’urgence notre système judiciaire."
Mais dans l’opposition, on crie à l’ingérence.
Yair Lapid, chef de l’opposition, a critiqué l’appel de Trump, tout en y voyant une manœuvre calculée : "Avec tout le respect que je lui dois, Trump n’a pas à s’immiscer dans notre justice. C’est un cadeau pour Netanyahu, juste avant de lui tordre le bras sur Gaza." Des élus comme Gilad Kariv ou Naama Lazimi sont allés plus loin, dénonçant "une tentative de prise d’otage du système démocratique israélien" et "un dirigeant en procès prêt à tout pour échapper à la justice".
Le débat sur l’indépendance judiciaire, déjà très polarisé, se ravive.
Alors que le procès entame sa sixième année, avec une reprise prévue dès lundi prochain, cette intervention de Trump donne du souffle aux partisans de Netanyahu. Mais elle pose aussi la question sensible de la séparation des pouvoirs à un moment critique de l’histoire israélienne – entre menaces sécuritaires, tensions diplomatiques et fragilité politique.