Des physiciens et archéologues israéliens ont utilisé une technologie innovante – la tomographie par muons cosmiques – pour sonder les profondeurs de la roche située au-dessus de la citerne de Jérémie, un ancien système d’eau mentionné dans le livre de Jérémie -chapitre 38, verset 6- sous la Cité de David à Jérusalem. Il s'agit de la toute première démonstration mondiale d’imagerie souterraine par muons sur un site archéologique.
Sous la direction du Dr Yossi Benhammou, du département de physique et d’astronomie de l’université de Tel Aviv, les chercheurs ont introduit un télescope composé de quatre couches de scintillateurs plastiques au fond de la citerne en forme de cloche, profonde de six mètres. Pendant dix jours, le détecteur a capté l’angle de passage de milliers de muons cosmiques, ces particules naturelles provenant de l’atmosphère. En comparant les données recueillies aux simulations, les scientifiques ont pu établir une carte de densité des roches situées au-dessus de la citerne.
L’expérience a permis d’identifier précisément un étroit conduit de ventilation, jusque-là dissimulé, confirmant la capacité de cette technologie à localiser des cavités invisibles sans recourir à des fouilles invasives. Les chercheurs ont également relevé d’autres anomalies souterraines suggérant la présence de vides encore inexploités, qui nécessiteront des vérifications archéologiques futures.
La citerne se trouve à proximité de structures massives datant de la période du Premier Temple, dont certaines sont interprétées par des chercheurs comme les vestiges du palais du roi David. Une localisation sensible qui rendait d’autant plus précieuse une approche non destructive.
Une seconde exploration cosmique est prévue prochainement dans la zone de la source de Gihon, à l'est de la Cité de David, et les chercheurs projettent également d’utiliser plusieurs détecteurs pour réaliser une reconstruction en trois dimensions complète des structures enfouies.
Cette première utilisation archéologique des muons cosmiques démontre avec succès le potentiel de cette technologie pour explorer les vestiges bibliques, ouvrant ainsi la voie à l’étude non intrusive d’autres structures antiques.