Un nouveau projet de loi présenté à la Knesset pourrait réduire considérablement le nombre de personnes éligibles à la citoyenneté israélienne au titre de la Loi du retour. Le texte prévoit de supprimer la clause qui permet actuellement à quiconque ayant au moins un grand-parent juif d'immigrer en Israël, même s'il n'est pas considéré comme juif selon la loi religieuse.
Depuis 1970, cette clause a permis à quelque 500 000 personnes de s’établir en Israël. Elle a longtemps été un sujet sensible, cristallisant les tensions internes en Israël et les désaccords avec les communautés juives de la diaspora.
Le projet, porté par Avi Maoz, député du parti Noam, doit être examiné dimanche par le Comité ministériel de la législation, une étape clé dans le processus législatif israélien. Si le comité donne son feu vert, le texte bénéficiera du soutien du gouvernement de Benjamin Netanyahou lorsqu’il sera soumis au vote du Parlement.
Avi Maoz, qui a quitté la coalition en mars dernier pour protester contre ce qu'il considère comme l'absence d’une politique suffisamment orthodoxe et nationaliste, cherche à aligner les critères d'immigration d'Israël sur les normes du judaïsme orthodoxe. Parallèlement, il propose un autre projet visant à interdire toute référence aux questions LGBTQ dans les établissements scolaires.
Dans la note explicative accompagnant le texte, Maoz affirme que « dans sa version actuelle, la Loi du retour permet même au petit-fils d’un juif d’obtenir le statut d’olé -nouvel immigrant- et les droits qui en découlent, alors que lui-même, et parfois même ses parents, ne sont plus juifs selon la loi religieuse ». Selon lui, cette situation vide la Loi de son sens premier, qui était d’ouvrir les portes du pays aux juifs de la diaspora.
Ce n’est pas la première tentative de réforme en ce sens. Ces dernières années, des membres influents de la coalition, tels que Shlomo Karhi du Likoud, Bezalel Smotrich du Sionisme religieux, ont présenté des propositions similaires. Les partis orthodoxes, membres historiques des coalitions israéliennes, s'opposent eux aussi à la « clause du grand-parent ».
Pour leurs partisans, cette clause est essentielle : elle maintient Israël comme refuge pour quiconque a des racines juives, en particulier ceux que le judaïsme orthodoxe exclut. Elle avait été intégrée à la loi en 1970, notamment pour répondre aux critères nazis des lois de Nuremberg, qui persécutaient quiconque avait un grand-parent juif.
Ses défenseurs rappellent aussi son importance pour l’accueil des juifs de l’ex-URSS, dont beaucoup, après des décennies d’oppression religieuse, ne remplissent pas les critères religieux mais conservent une identité juive forte.
Selon la halakha -loi juive- est juif celui dont la mère est juive ou qui s’est converti selon les règles orthodoxes. Depuis des années, les partis religieux exigent que seuls les rabbins orthodoxes soient habilités à effectuer des conversions.
Dans la diaspora, les principales organisations juives et les mouvements non orthodoxes soutiennent fermement le maintien de cette clause. Stuart Weinblatt, rabbin conservateur et président de la Zionist Rabbinic Coalition, avertit : « Je pense que les questions de sécurité et de frontières relèvent du gouvernement israélien démocratiquement élu, mais lorsqu’il s’agit de sujets touchant au peuple juif dans son ensemble, il faut en mesurer les conséquences mondiales. »
Il espère que les partisans de la réforme comprendront que ces candidats à l’immigration ne constituent pas une menace pour Israël, mais une opportunité à accueillir, malgré les complexités posées par la loi religieuse.