Sécurité

On sait comment l’Iran a recruté des espions israéliens

Depuis avril 2024, date des premiers tirs de missiles iraniens contre Israël, plus de 30 Israéliens ont été inculpés pour « contact avec un agent étranger » et pour avoir fourni des informations sensibles à l’ennemi

3 minutes
6 juillet 2025

ParNathalie Sosna Ofir

On sait comment l’Iran a recruté des espions israéliens
Sans crédit

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Avant même que n’éclate la guerre ouverte entre Israël et l’Iran, les services de sécurité israéliens avaient mis au jour un vaste réseau d’espionnage orchestré depuis Téhéran. Au cœur de cette opération : des citoyens israéliens, manipulés par des agents du renseignement iranien. Depuis avril 2024, date des premiers tirs de missiles iraniens contre Israël, plus de 30 Israéliens ont été inculpés pour « contact avec un agent étranger » et pour avoir fourni des informations sensibles à l’ennemi.

Le mode de recrutement, bien qu’élémentaire, s’est avéré d’une redoutable efficacité : tout commençait par un simple SMS promettant une rémunération contre des informations. Les messages, parfois vagues -« Vous avez des infos sur la guerre ? Nous sommes prêts à payer »-, parfois plus idéologiques -« Jérusalem libre unira les musulmans. Transmettez-nous des informations sur la guerre », contenaient un lien renvoyant vers l’application Telegram, où un interlocuteur se présentant comme Israélien prenait le relais.

Dans un premier temps, les recrues étaient sollicitées pour des tâches anodines : photographier des lieux publics ou coller des affiches hostiles au Premier ministre. Puis, pour ceux qui montraient de l’intérêt, les missions devenaient plus délicates : prendre en photo des sites militaires, des bases de Tsahal, des batteries du Dôme de fer, voire le quartier général des renseignements militaires à Glilot. Les paiements transitaient par des comptes PayPal ou des portefeuilles de cryptomonnaies.

Selon les enquêteurs, un citoyen israélien d’origine azérie aurait impliqué plusieurs membres de sa famille pour photographier des sites sensibles, parmi lesquels le port de Haïfa, la base aérienne de Nevatim et même l’Institut Weizmann. Fait inquiétant : plusieurs de ces sites ont été visés par les tirs iraniens lors de la guerre des « douze jours ».

Dans l’un des cas les plus graves, un suspect arrêté en septembre dernier avait filmé la maison d’un chercheur nucléaire de l’Institut Weizmann. Il aurait reçu une offre de 60 000 dollars pour assassiner le scientifique, sa famille et incendier leur domicile. L’homme recruta quatre complices, mais ils furent interceptés à l’entrée du campus par un agent de sécurité. Le lendemain, il retourna sur place en plein jour pour filmer la voiture du chercheur et reçut l’ordre d’y placer un traceur GPS – ce qu’il refusa de faire.

La stratégie iranienne reposait sur une approche quantitative : contacter un grand nombre de personnes, sachant que la majorité refuserait ou accepterait seulement des missions mineures. Mais l’objectif était ailleurs : repérer les quelques-uns prêts à franchir toutes les limites. Certains se sont arrêtés après avoir pris des photos ou peint des slogans. D’autres, selon les interrogatoires, sont allés bien plus loin, acceptant d’envisager la pose d’explosifs, le placement de balises de géolocalisation ou même l’assassinat de responsables israéliens.

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