Sécurité

« On a veillé toute la nuit » : les techniciens haredim en première ligne lors des frappes contre l’Iran

Lors des frappes de juin 2025 contre l’Iran, des soldats ultra-orthodoxes ont assuré la maintenance cruciale des avions de chasse israéliens, y compris pendant Shabbat, au nom de la sauvegarde des vies.

3 minutes
6 juillet 2025

ParDelphine Miller

« On a veillé toute la nuit » : les techniciens haredim en première ligne lors des frappes contre l’Iran
Photo: Moshe Shai/FLASH90

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Le 12 juin 2025, alors que l’aviation israélienne se préparait à mener l’une des plus vastes opérations militaires de son histoire contre des cibles stratégiques en Iran, un groupe d’hommes discrets, souvent absents des projecteurs médiatiques, était à pied d’œuvre. Ces soldats ultra-orthodoxes, formés à la maintenance des avions de chasse, ont joué un rôle clé dans la réussite de l’opération.

À la base aérienne de Ramat David, dans le nord du pays, ces techniciens haredim veillaient à la mise en condition opérationnelle des F-16 du 105e escadron « Scorpion ». Le commandant de la base a déclaré, cité par Haaretz : « Je n’ai jamais vu un tel niveau de mobilisation et de performance. Ces hommes ont travaillé sans relâche, avec une détermination impressionnante. »

Cette unité spéciale, créée fin 2024, est le fruit d’un programme pilote lancé par Tsahal. Vingt-six soldats haredim ont terminé leur formation « niveau A » pour intervenir sur les systèmes des F-16. Le dispositif prévoit un cadre strictement adapté à leur mode de vie religieux, avec logement séparé, cantine casher et synagogue sur place.

Mais lorsque la guerre a éclaté en juin 2025, ces limites ont été repoussées par nécessité. Selon les responsables de la base, les techniciens ultra-orthodoxes ont travaillé sans interruption, y compris pendant Shabbat, invoquant le principe halakhique de pikuach nefesh, qui permet de transgresser les interdits religieux pour préserver des vies humaines.

Le rabbin militaire de la base de Ramat David, interrogé par Israel Hayom, a confirmé :

« Ils sont venus me voir dès l’annonce de l’alerte opérationnelle. Je leur ai dit clairement : servir ici pendant Shabbat, c’est sanctifier la vie. C’est non seulement permis, mais c’est une mitsva. »

La veille de l’attaque, la tension était palpable. Le journaliste Amit Segal rapporte sur X que ces soldats « ont veillé toute la nuit, réalisant les vérifications finales et s’assurant que chaque appareil était prêt au combat ».

Le 13 juin au matin, plus de 230 avions de combat israéliens ont participé à la frappe contre des installations militaires et nucléaires iraniennes, selon The Jerusalem Post. Environ 500 sorties aériennes ont été menées en l’espace de 48 heures, une intensité inédite pour l’armée de l’air israélienne. Une telle cadence n’aurait pas été possible sans le soutien méticuleux des équipes de maintenance.

Dans un contexte où l’armée cherche à renforcer ses capacités sans compromettre l’identité de certains groupes de population, l’implication des techniciens haredim marque un tournant. Leur contribution directe à une opération de cette ampleur est saluée comme un symbole d’intégration réussie — et d’efficacité militaire.