Politique

Bennett:  »Le gouvernement Netanyahou est un échec retentissant. Il met en danger l’Etat d’Israël »

5 minutes
12 mars 2023

ParIsraJ

Bennett:  »Le gouvernement Netanyahou est un échec retentissant. Il met en danger l’Etat d’Israël »
Photo by Olivier Fitoussi/Flash90

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

L'ancien Premier ministre, Naftali Bennett, a écrit un post très sévère contre le gouvernement sur sa page FaceBook. Il accuse ce dernier d'être responsable du resserrement des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie Saoudite.

''Le renouvellement des relations entre l'Arabie Saoudite et l'Iran est un développement grave et dangereux pour Israël et constitue une victoire politique pour l'Iran'', écrit Bennett, ''Il s'agit d'une atteinte fatale aux efforts de construction d'une coalition régionale face à l'Iran. Il s'agit d'un échec retentissant pour le gouvernement Netanyahou qui est lié à un mélange de négligence politique et de faiblesse générale accompagnée de querelles internes au pays. Les pays du monde et de la région observent Israël divisé avec un gouvernement qui ne fonctionne pas, qui est occupé par une auto-destruction méthodique. Et ils choisissent leur camp. Le gouvernement Netanyahou est un échec retentissant sur le plan économique, politique et sécuritaire. Chaque jour où il est en place, il met en danger l'Etat d'Israël. Nous avons besoin d'un large gouvernement d'union d'urgence, qui travaillera pour réparer les nombreux dégâts qui ont été causés''.


Ce texte a donc été écrit suite à l'annonce de la reprises des relations entre l'Iran et l'Arabie Saoudite. Néanmoins, il convient de rappeler que déjà au mois d'avril 2022 - alors que Bennett était Premier ministre, l’agence de presse iranienne Nournews avait révélé qu’un round de négociations s’était déroulé entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, à Bagdad, en Irak. Il s’agissait du cinquième de ce genre en quelques mois.

Le réchauffement des relations entre Riyad et Téhéran a été attribué, en grande partie, à cette époque, au désengagement américain d'Arabie Saoudite et à la politique de Joe Biden de boycott des dirigeants saoudiens, après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

Les observateurs alertaient déjà sur le fait que le réchauffement amorcé des relations entre l’Arabie Saoudite et l’Iran pourrait nuire à l’axe qu’Israël et les Etats-Unis de Trump avaient construit contre l’hégémonie iranienne au Moyen-Orient.

Puis, en juillet 2022, toujours sous l'ancien gouvernement, alors que le Président américain a quitté Jeddah, en Arabie Saoudite, après avoir rencontré le prince héritier Mohamed Ben Salman, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal Bin Farhan, avait tenu à calmer les ardeurs concernant un éventuel rapprochement entre Israël et son pays.

Il avait indiqué qu’il n’était pas question d’une coopération militaire ou technologique et qu’un  »OTAN du Proche-Orient » n’était pas à l’ordre du jour.
Le ministre avait tenu, en revanche, à préciser que la main de l’Arabie Saoudite était tendue vers l’Iran et avait rappelé que des discussions qu’il avait qualifiées de positives avaient lieu entre les deux pays.

Concernant une avancée du rapprochement avec Israël, Bin Farhan avait insisté sur le fait que l’Arabie Saoudite posait comme condition, une avancée de la solution à deux Etats avec les Palestiniens.  »Nous avons précisé que nous demandons un processus, dans le cadre de l’initiative de paix arabe. Nous sommes engagés pour la solution à deux Etats et c’est notre exigence pour la paix ». Il avait rappelé que la décision saoudienne de se rapprocher d’Israël était stratégique mais qu’elle dépendait aussi de la résolution de certaines problématiques.

 

Un cadre politique, cité par Ynet, affirme: ''Les contacts ont commencé du temps du gouvernement précédent. Demandez-leur, pourquoi justement à ce moment-là? Tout a commencé quand il y avait une faiblesse du côté américian et du côté israélien. La faiblesse occidentale et israélienne a entrainé le rapprochement avec l'Iran. C'est la puissance américaine et israélienne qui les en éloigne''.

Ce même cadre a rappelé la plaisanterie que Lapid avait lancée à Hochstein, l'envoyé spécial américain pour les affaires énergétiques internationales, au moment de la signature de l'accord avec le Liban: "Personne ne croyait en vous, on vous pardonnera d'avoir ruiné les relations avec l'Arabie saoudite." Lapid sous-entendait que Hochstein était "à blâmer" pour la crise entre les Américains et les Saoudiens sur les prix du pétrole. Hochstein éclata de rire en réponse à ses paroles.

 

Le chef de l'opposition, Yair Lapid, s'est défendu en accusant Netanyahou d'être derrière ces propos et ajoutant que « ce sont des déclarations délirantes. Sous notre gouvernement, l'accord sur les vols dans l'espace aérien saoudien a été signé avec l'Arabie saoudite ainsi que l'accord de sécurité tripartite avec l'Arabie saoudite et l'Égypte, et l'accord sur des vols directs pendant le Hajj. A notre époque, le président Biden a décollé directement de Tel Aviv vers l'Arabie Saoudite pour continuer à promouvoir les relations. Tout cela s'est arrêté brusquement lorsque le gouvernement le plus extrême de l'histoire du pays a été établi ici et qu'il est devenu clair pour les Saoudiens que Netanyahu était faible et que les Américains ont cessé de l'écouter. La phrase dite à Hochstein était une blague dite dans un tout autre contexte et toutes les personnes présentes ont ri. Apparemment, le vin italien a obscurci la mémoire de M. Netanyahou."







Toujours selon ce même cadre politique, la nature des relations entre l'Iran et l'Arabie Saoudite n'est pas scellée par ce rapprochement. Il estime que ce renouvellement des relations répond à un besoin des Saoudiens après s'être sentis vulnérables, il y a un an. Mais, selon lui, plus l'Occident et Israël montreront leur force, plus la menace militaire contre l'Iran sera concrète, moins l'Arabie Saoudite sera interéssée par un resserrement de ses relations avec l'Iran''.


Boaron blue