Vie politique

Lihi Lapid: ”Nous avons le droit de demander quel Etat nous envoyons nos enfants protéger”

6 minutes
30 juillet 2023

ParIsraJ

Lihi Lapid: ”Nous avons le droit de demander quel Etat nous envoyons nos enfants protéger”
Lihi Lapid. Photo by Tomer Neuberg/Flash90

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Pour la 30e semaine consécutive, des manifestations avaient lieu ce samedi à Tel Aviv et dans d'autres villes du pays contre la réforme judiciaire et le gouvernement.

Dans le registre provocation visuelle, cette semaine une poupée a été ''pendue'' à un pont à Tel Aviv, enveloppée d'un drapeau d'Israël avec le slogan, ''Israël dépend de nous'', utilisant un jeu de mots puisqu'en hébreu, les mots ''dépendre'' et ''pendre'' se disent de la même manière.

Photo by Avshalom Sassoni/Flash90


 

Photo by Avshalom Sassoni/Flash90


A Rehovot, Lihi Lapid, l'épouse du chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a prononcé un discours enflammé: ''La terrible loi qui a été votée cette semaine (sur la clause de raisonnabilité, ndlr) a montré la faiblesse de ce gouvernement. Soudain, tout s'est révélé: l'agressivité, le fait qu'ils n'ont que faire de provoquer une guerre civile, qu'ils n'ont que faire de nos cris, le fait qu'ils n'ont que faire de la démocratie. Tout cela s'est révélé et le monde a fermé ses portes à ce gouvernement et vous soutient, nous soutient''.

Elle a rappelé ce qu'elle a appelé la réussite de son mari lorsqu'il a formé un gouvernement sans Netanyahou avec Bennett, il y a deux ans et a affirmé que ce gouvernement avait apporté la sécurité. ''Je suis mère, comme beaucoup d'entre vous. Une mère israélienne. Etre une mère israélienne c'est être une mère qui envoie ses enfants à l'armée parce qu'il faut protéger le pays. C'est comme ça. Mais être une mère israélienne c'est aussi observer comment l'accord entre nous et l'Etat a été violé! C'est comprendre que toutes les mères ne font pas partie de la même histoire. Que tout le monde ne prend pas sa part dans la charge sécuritaire. Que tout le monde n'est pas prêt à payer le prix. Et nous, les mères israéliennes juives et sionistes, du centre et de la gauche, qui sommes prêtes à vivre cette peur et ce souci, qui voyons les parents qui en ont payé le terrible prix, nous avons le droit de demander: quel Etat envoyons-nous nos enfants protéger? Un Etat dans lequel deux partis politiques ne possèdent pas de femmes sur leur liste? Un Etat qui n'accepte pas nos enfants homosexuels? Si ces lois passent, est-ce que je pourrais toujours parler ici?''.

Yaakov Frenkel. Photo by Miriam Alster/Flash90


A Tel Aviv, l'ancien gouverneur de la Banque d'Israël, Yaakov Frankel, a lui aussi condamné la politique du gouvernement. Il a rapporté une discussion qu'il a eue avec des investisseurs à New York cette semaine. Ils lui ont demandé: ''Qu'est-ce qui se passe en Israël? Comment le pays a-t-il changé de manière si dramatique en à peine six mois? Nous n'avons jamais vu la destruction d'une valeur aussi grande en si peu de temps. Et même pas par des ennemis extérieurs, mais par une politique gouvernementale. Et tout ça pour quoi?''. Frankel a poursuivi: ''Malgré les mises en garde de tous les spécialistes, le Rubicon a été franchi. Malgré les promesses de ne légiférer que sur la base d'un large consensus, cette semaine a été votée la première mesure du renversement de régime avec l'annulation de la clause de raisonnabilité. Non pas sur la base d'un large consensus mais sur la base d'une large contestation. Les dégâts sont immenses. Et tout ça pour quoi? Une économie prospère demande de la stabilité, de la fiabilité, de la clarté et de la constance. Ce n'est pas ce qui a été diffusé aux marchés mondiaux, aux institutions financières mondiales qui ont été stupéfaits du vote de cette loi. Immédiatement, les grandes banques ont publié des mises en garde contre le risque d'investir en Israël. Cela n'était jamais arrivé même lorsqu'Israël a fait face à des défis économiques et politiques importants''.

Frankel s'est ensuite adressé à Netanyahou: ''Je m'adresse à vous en tant que celui qui m'a nommé au poste de gouverneur. Ensemble, nous avons géré l'économie israélienne pendant de nombreuses années, nous avons oeuvré pour faire baisser l'inflation, pour améliorer le statut d'Israël dans le monde. Je m'adresse à vous pour l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants: vous êtes le seul à pouvoir stopper cette descente aux enfers. Il est temps de vous libérer des chaines politiques, il est temps de tout arrêter! Il est temps de vous engager à ne rien voter sans un large consensus, ni maintenant, ni plus tard. Il est temps de sauver l'Etat d'Israël et son économie''.

Puis il a déclaré aux manifestants: ''Et vous, mes amis et mes amies, vous êtes des héros et des héroïnes. Pendant six mois, vous avez réussi à défendre la démocratie et à susciter l'admiration et l'enthousiasme auprès de millions de personnes, de toutes les couches de la population, de toutes les tendances politiques. Avec courage, détermination, patriotisme et amour de l'Etat d'Israël, qui se doit d'être une démocratie libérale. Vous êtes l'avenir, vous êtes l'espoir d'Israël. Merci''.

 

Par ailleurs, le militant et conseiller en communication de gauche, virulemment opposé à Netanyahou, Ronen Tsur, devait aussi parler ce soir, mais les organisateurs l'ont décommandé. La raison? Il a appelé Gantz et Lapid à rejoindre une coalition d'urgence avec Netanyahou.

Sur son compte Twitter, il a écrit: ''La police de la pensée. J'ai un immense respect pour mes amis qui luttent pour la démocratie. Je suis pour un gouvernement d'urgence afin d'écarter des rênes du pouvoir des gens comme Netanyahou, Ben Gvir, Smotrich, Levin et j'attends de Gantz et Lapid qu'ils mettent fin à cette folie, annulent les lois corrompues, et ancrent dans des lois fondamentales la défense des juges. La majorité du public le veut et moi aussi''. Puis  il écrit: ''Ce matin, les organisateurs des manifestations à Haïfa et à Kfar Saba m'ont annoncé qu'ils s'opposent à un gouvernement d'urgence nationale et que ceux qui pensent autrement ne peuvent pas prendre part à la protestation. Comme je suis contre la police de la pensée, de quelque côté que ce soit, je continuerai à exprimer mes idées, partout où je le pourrai, même si je dois rester seul. En démocratie, on peut annuler une intervention mais on ne peut pas censurer et dicter les pensées. De droite comme de gauche''.

 




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