Le 10 avril 2022, alors que la tension sécuritaire était palpable dans la vieille ville de Jérusalem et en particulier sur le Mont du Temple, Oudeh avait appelé les soldats et policiers arabes à la mutinerie.
”Jettez-leur les armes à la figure. Ces forces humilient notre peuple, nos familles et tous ceux qui viennent prier à la Mosquée Al Aqsa”, avait-il déclaré Porte de Damas à l'attention des Arabes qui servent dans les forces de l’ordre israéliennes.
Le conseil juridique du gouvernement a, entre autres, estimé qu'il n'était pas certain que les propos d'Ayman Oudeh tombent sous le coup de l'incitation à la rebellion et à la mutinerie notamment au regard de la préservation de la liberté d'expression, ''en particulier lorsqu'il s'agit de propos sur des sujets politiques pour lesquels le champ de protection est beaucoup plus large''.
Pour le conseil juridique du gouvernement, Oudeh ne peut pas être poursuivi sur le plan pénal.
Shay Glick, le directeur de l'association Betsalmo, qui avait porté plainte contre Oudeh, s'est insurgé contre cette décision: ''Cette décision est scandaleuse et récompense la haine et l'incitation à la haine, en nuisant à tous les policiers musulmans. Au lieu d'encourager la population arabe en Israël à s'engager, on lui crache à la figure. Une telle décision alors que les policiers et les soldats sont en train de se battre avec bravoure est insupportable. J'ai l'intention de faire appel de cette décision et j'invite le ministre de la Sécurité nationale, mon ami Itamar Ben Gvir, qui avait lui aussi porté plainte, à en faire autant''.
A l'époque des faits, la classe politique, de Meretz à la droite, avait vivement condamné ces propos jugés irresponsables et extrêmement graves et la police avait demandé au Parquet d’ouvrir une enquête contre le député.
Au sein de la population arabe israélienne, Oudeh en avait également choqué plusieurs. En premier lieu, les Arabes qui servent dans la police.
”Les propos d’Oudeh nous nuisent énormément”, avait ainsi témoigné pour Ynet, un policier arabe originaire de Galilée qui est en poste à Jérusalem, ”Ils sont irresponsables. Nous remplissons notre mission et essayons d’éviter des débordements. J’écoute toujours ce que dit Ayman Oudeh, je ne suis pas contre critiquer et punir les policiers s’ils commettent des erreurs. Mais cette fois, ses paroles étaient inappropriées et il a parlé sans savoir ce que font les policiers arabes pour préserver l’ordre et le calme. Il a choisi de dire aux policiers arabes de quitter la police, comme si nous travaillions dans la drogue ou dans le crime. Je pense qu’il doit urgemment s’excuser pour ses propos”.
Un président de région en Galilée avait, lui aussi, condamné : ”J’ai de bonnes relations avec Ayman Oudeh. Il ne devrait pas s’empresser de parler des policiers de cette façon. Il a tout à fait le droit de critiquer la police, mais il ne peut pas demander aux policiers arabes de la quitter. En plus, c’est contradictoire avec sa demande par le passé adressée à la police de remédier à la criminalité au sein de la population arabe. Nous aussi, nous souffrons de l’attitude de certains policiers mais nous devons agir contre la criminalité et pour cela, nous avons besoin de policiers arabes”.
Le maire de la localité arabe de Rahat avait été encore plus incisif: ”Je l’appelle (Oudeh) à venir à Rahat et à arrêter les coups de feu à mains nues. Il vit sur une autre planètre et ne comprend pas la douleur des gens. Qu’il trouve quelqu’un d’autre que la police pour faire appliquer la loi”.