Société

Le juge à la Cour suprême Khaled Kaboub soupçonné d’infractions au code éthique des magistrats

5 minutes
1 mars 2024

ParIsraJ

Le juge à la Cour suprême Khaled Kaboub soupçonné d’infractions au code éthique des magistrats
Photo by Flash90

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Avishaï Grinzaig, journaliste sur la chaine Kan 11, a publié une série de reportages sur le juge à la Cour suprême, Khaled Kaboub, qui se serait rendu coupable d'un comportement contraire à l'éthique imposée aux magistrats. Le juge a ensuite menti lorsqu'il a justifié cette attitude.

 

Grinzaig a commencé par révéler que le juge Kaboub se servait de son statut de juge puis de juge à la Cour suprême pour promouvoir les cabinets d'avocats de ses enfants. Dans une vidéo pour faire la publicité du cabinet de sa fille Myriam Kaboub, les portes s'ouvrent sur ses bureaux et un immense portrait de son père, en tenue de juge, est affiché sur le mur à l'entrée.

Dans le réglement éthique qui s'impose aux juges, il est clairement stipulé: ''Le juge ne fera pas usage de son statut pour promouvoir un intérêt, le sien ou celui de quelqu'un d'autre''.

Pourtant, dans les bureaux de sa fille, Myriam, deux immenses portraits du juge Kaboub, en tenue de magistrat sont affichés.

A la question du journaliste de Kan sur le sujet, le juge Kaboub a répondu qu'il n'était pas responsable de la décoration du cabinet de sa fille. Pourtant, cela ne l'a empêché de se faire photographier plusieurs fois devant ces portraits dans les bureaux de sa fille.

Une plainte a été déposée devant le préposé aux plaintes contre les juges. Le juge Kaboub a alors changé sa version: il a affirmé qu'il ne savait pas que ces photos allaient être publiées sur les réseaux sociaux. Il a prétendu qu'il s'était fâché contre sa fille et que les portraits avaient retirés.

Il a, par ailleurs, assuré qu'il n'avait jamais participé à aucun événement en lien avec le cabinet de sa fille, ni même à l'inauguration du cabinet. En conséquence de cette déclaration, la plainte contre Kaboub a été rejetée.

Or, des photos prouvent que Kaboub était bien présent lors de l'inauguration du cabinet de sa fille Myriam. Il a même été photographié avec sa fille et d'autres avocats sous son portrait géant. Pour justifier son mensonge, le juge a prétendu qu'il n'avait pas l'intention de tromper le préposé aux plaintes mais qu'il avait simplement oublié l'événement qui avait lieu il y a plusieurs années.

Et Avishaï Grinzaig poursuit ses révélations en publiant des photos de l'inauguration du cabinet du fils du juge Kaboub, Walid Kaboub. Là aussi, le juge était présent à l'événement. Lors de cette soirée, à Yaffo, le juge Kaboub a également été photographié à côté d'un membre actif de la branche nord du mouvement islamiste, pourtant illégal. Les photos ont été effacées du site où elles étaient publiées, juste après les révélations de Kan 11.

Ce n'est pas tout, le juge Kaboub apparait très souvent sur des publicités pour les cabinets d'avocat de ses enfants: Myriam, Walid mais aussi Nabila.

 

Avishaï Grinzaig dévoile, par ailleurs, que le juge Kaboub a partagé un repas avec le maire de Tel Aviv Ron Houldaï alors même que ce genre de rencontre est interdite suivant le réglement éthique qui s'impose aux juges et que le juge Kaboub a traité de plusieurs plaintes impliquant la mairie de Tel Aviv, le plaçant en position de conflit d'intérêts.

Kan 11 a demandé au juge Kaboub s'il avait déjà eu des contacts avec des personnalités politiques. Voici sa réponse: ''Le juge Kaboub n'entretient de relations d'amitié avec aucune personnalité politique. Naturellement, en 27 ans d'activité, il est arrivé qu'il rencontre par hasard, lors d'événements ou de cérémonies, certaines personnalités politiques''.

Lorsque le journaliste lui a révélé qu'il avait connaissance d'un petit-déjeuner avec Ron Houldaï, Kaboub a répondu qu'il était attablé avec son frère et qu'il avait rencontré sur place, par hasard, le maire de Tel Aviv qu'il connait depuis le temps où ses enfants étaient élèves au lycée Gymnasium et que Houldaï en était le directeur.

Mais la version du juge est contredite par celle de son frère, qui a posté une photo de lui avec son frère et Houldaï, avec la légende: ''Petit-déjeuner avec le maire de Tel Aviv, Ron Houldaï''.

 

Enfin Grinzaig apporte les preuves de la participation du juge Kaboub à l'inauguration d'une agence immobilière de Yaffo, là aussi en contradiction avec les règles éthiques qui s'imposent aux magistrats.

Il était également présent lors de l'inauguration du cabinet de l'avocat de Yaffo, Abed Zibdé. Il a été photographié à une autre occasion avec un délinquant condamné pour violence, représenté par son fils Walid.

Le juge Kaboub a réagi à cette révélation en prétendant qu'il ne s'agissait pas d'événements publics. Pourtant, les photos de ces événements ont été publiées dans la presse locale, dans le but de promouvoir les sociétés qui les organisaient.

 

Suite à ces révélations, les députés Orit Struck et Yehouda Kroizer, membres de la commission de nomination des juges ont demandé un débat sur la révocation du juge Kaboub qui a enfreint, à plusieurs reprises le code éthique des magistrats.

Ils ont immédiatement été accusés de vouloir ''révoquer le premier juge musulman à la Cour suprême''. Le vice-président de la Cour suprême, Ouzi Fogelman, a demandé d'attendre que le préposé aux plaintes contre les juges aient rendu ses conclusions. Il insiste sur la nécessité de ne pas prendre de décision sur la seule base d'une enquête journalistique.
Autre personnage qui s'est précipité au secours du juge Kaboub: le président du barreau d'Israël, Me Amit Bahar. Il estime que toute cette affaire n'est qu'une ''tentative d'élimination politique du juge Kaboub dont le but est de discréditer le système judiciaire en général et la Cour suprême en particulier''.
Boaron blue