Le Rav Lavi explique pourquoi la réponse est non et pourquoi il convient de fêter cette année, au moins autant que les autres années, la fête de l'Indépendance.
- Le Roi Salomon a dit dans Kohelet: ''Il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour les éloges funèbres et un temps pour danser''. Chaque chose a son temps et il n'est pas bon de les mélanger ou d'en annuler une au profit de l'autre. Le deuil et la tristesse de la destruction du Temple à Ticha BeAv ne nous empêchent pas de nous réjouir pour Tou BeAv, et la sensation suprême de royauté d'Hachem à Rosh Hashana ne se fait pas au détriment de l'introspection sur nos pêchés privés à Yom Kippour.
C'est ainsi également pour Yom Hazikaron et Yom Haatsmaout, chacun existe en lui-même.
2. Il est vrai que cette année, la douleur de Yom Hazikaron est particulièrement grande et les larmes versées lors des derniers enterrements n'ont pas encore eu le temps de sécher. Mais d'un autre côté, cette année justement nous comprenons encore mieux la valeur de l'Etat et le sens de l'indépendance juive, et il faudrait s'en réjouir encore plus parce qu'après 76 ans pendant lesquels nous nous sommes habitués à voir l'Etat comme une évidence, nous avons reçu une illustration douloureuse de ce qui se passe lorsqu'il est en ''mode silencieux''. Nous avons vécu un véritable traumatisme lorsque pendant une journée, l'Etat n'était pas là.
C'est pourquoi, de la même manière que nous avons pleuré davantage cette année pour Yom Hazikaron, nous devons encore plus apprécier Yom Haatsmaout et se réjouir.
3. N'oublions pas comment se sont comportés les Juifs pendant des générations, y compris dans les situations les plus difficiles. Dans les grottes de l'Inquisition, dans le froid glacial de Sibérie, dans l'enfer d'Auschwitz. Les Juifs ont toujours fait tous les efforts pour célébrer les fêtes de notre calendrier. Ils chantaient les chants de Shabbat, allumaient les bougies de Hanouka, récitaient par coeur des passages de la Haggada. Et oui, ils ont aussi dansé et se sont réjouis pour Simhat Torah, même après de terribles exactions et des pogroms meurtriers.
Ce qui est sûr c'est que les dimensions ne sont plus les mêmes aujourd'hui. Ce jour noir du 7 octobre, 1500 personnes ont été assassinées. C'est un chiffre terrible mais tout à fait exceptionnel de nos jours. Pendant la Shoah, 4000 fois plus de Juifs ont été assassinés!
Quelle est la différence entre ces jours sombres pendant lesquels nous étions persécutés sur une terre étrangère et notre situation aujourd'hui? En deux mots: l'Etat d'Israël. N'est-ce pas normal de s'en réjouir?
4. Dernier point: fermez les yeux un instant et réfléchissez à quoi Sinouar et Nasrallah voudraient que ressemble notre Yom Haatsmaout. Maintenant ouvrez les yeux: nous devons faire exactement le contraire! Parce que sur le champ de bataille, nous valeureux soldats les écrasent. Nous n'avons pas le droit de les laisser gagner sur le plan du moral. Nous devons tirer de la joie de la fête, la force et la puissance pour continuer à faire face. Avec l'aide de Dieu nous mériterons d'exterminer le mal nazi et de ramener la sérénité et le calme dans nos frontières.