Le 13 juillet, la chaîne qatarie Al-Jazeera a rapporté les propos d’un haut responsable iranien affirmant qu’Israël aurait tenté d’assassiner le président Masoud Pezeshkian lors d’un bombardement ciblé, le 16 juin, à l’ouest de Téhéran. L’attaque aurait visé une réunion du Conseil suprême de sécurité nationale, en présence des chefs des trois pouvoirs. Le président aurait été légèrement blessé à la jambe en s’échappant par une trappe, selon cette version relayée notamment par Fars News et reprise par le HuffPost espagnol.
Or, cette version des faits, rendue publique près de trois semaines après l’événement supposé, reste invérifiable. Aucun média indépendant n’a confirmé l’incident. Le président Pezeshkian lui-même, interrogé par Tucker Carlson, a brièvement admis une tentative sans fournir de détails : « They did try, yes. They acted accordingly, but they failed » (Ils ont bien essayé, oui. Ils ont agi en conséquence, mais ils ont échoué), selon le Financial Times (8 juillet 2025). Le Guardian (7 juillet) note qu’aucune preuve n’a été apportée, ni par Téhéran, ni par des sources extérieures.
Plusieurs analystes y voient une diversion médiatique, destinée à préparer l’opinion publique iranienne à une riposte ou à détourner l’attention des tensions internes. D’autant plus que cette accusation paraît peu crédible du point de vue israélien : Masoud Pezeshkian est considéré comme un président modéré, partisan d’un certain apaisement avec l’Occident, et sans réels leviers sur les affaires militaires ou nucléaires du pays. Israël n’a donc aucun intérêt stratégique à l’éliminer. En Iran, le pouvoir réel appartient au Guide suprême Ali Khamenei, chef de l’armée, des services de renseignement et maître absolu des décisions sécuritaires.
C’est précisément Khamenei qui a été évoqué comme cible potentielle. Le Wall Street Journal (9 juillet) a révélé qu’Israël avait présenté à Washington un plan d’élimination du Guide suprême, rejeté par Donald Trump pour éviter une escalade tant que des Américains n’étaient pas directement visés. Une information confirmée par plusieurs sources américaines.
Le 19 juin, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, avait déclaré au Yedioth Ahronoth : « Le Guide suprême ne peut pas continuer à exister si Israël veut mettre fin à la menace nucléaire iranienne. »
L’éditorial du Wall Street Journal plaidait même pour un changement de doctrine, estimant que tant que Khamenei reste en vie, le programme nucléaire iranien se poursuivra inexorablement. Mais d'autres experts rappellent que l’élimination de Qassem Soleimani en 2020 n’a pas affaibli le régime, bien au contraire : elle a renforcé les factions les plus radicales du pouvoir.