Vie politique

Ayman Odeh va-t-il être destitué ?

La Knesset doit se prononcer aujourd'hui, un seuil de 90 voix sur 120 députés -3/4 de l'hémicycle- requis

3 minutes
14 juillet 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Ayman Odeh va-t-il être destitué ?
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La Knesset doit se prononcer ce lundi sur la destitution du président du parti Hadash-Ta’al, Ayman Odeh. En amont du vote, son entourage a lancé un appel direct aux députés de l’opposition encore indécis, les mettant en garde : « Aujourd’hui, c’est Odeh. Demain, ce sera vous. »

Ayman Odeh cherche rait à convaincre les élus de l’opposition que voter en faveur de sa destitution reviendrait à tourner le dos à leur propre électorat libéral. À cette heure, plusieurs députés des partis Yesh Atid et Camp National rechignent à soutenir la procédure, rendant peu probable l’obtention de la majorité renforcée exigée de 90 voix.

Odeh, qui avait déjà dénoncé il y a deux semaines la décision de la commission parlementaire d’approuver la motion de destitution, accuse certains élus de l’opposition d’avoir « collaboré avec Netanyahu et les kahanistes », et d’alimenter un climat dans lequel « la démocratie vacille ».

« Ils nous détestent plus qu’ils n’aiment la démocratie », a-t-il lancé, avant d’interpeller ses collègues : « Le moment est venu de choisir : vous battez-vous, ou capitulez-vous ? »

Une procédure très contestée

La demande de destitution a été déposée par le député Avichai Boaron du Likoud s’appuyant sur un message posté par Ayman Odeh en janvier sur le réseau X :

« Je me réjouis de la libération des otages et des prisonniers. Il est temps désormais de libérer les deux peuples du joug de l’occupation. Nous sommes tous des êtres libres. »

Une déclaration que ses détracteurs estiment assimilable à un soutien implicite au terrorisme, certains l’accusant même d’avoir mis sur un pied d’égalité les ravisseurs du 7 octobre et les otages.

Mais la conseillère juridique de la Knesset, Me Sagit Afik, a tempéré ces accusations :

« Il s’agit d’une déclaration isolée. Cela ne constitue pas un faisceau de preuves suffisant pour prouver une adhésion claire, dominante et persistante à la lutte armée d’une organisation terroriste. Il est permis de douter que cette seule déclaration suffise à établir le critère juridique de soutien actif à une organisation terroriste. »

À l’heure actuelle, la coalition bénéficie du soutien d’une partie de l’opposition sur ce dossier, notamment des députés de Yisrael Beiteinu, Yesh Atid et du Camp National. Mais sans l’adhésion plus large de l’opposition, la majorité qualifiée ne devrait pas être atteinte.

En coulisse, certains parlementaires craignent que cette procédure ne devienne un outil politique, susceptible d’être utilisé contre eux à l’avenir. Ce vote soulève donc des questions fondamentales sur les limites de la liberté d’expression des élus.