Société

Entre prix astronomiques et besoin impérieux : le dilemme des vacances pour les Israéliens

En dépit des prix des billets qui s’envolent, les Israéliens semblent déterminés à s’offrir un peu d’évasion

3 minutes
17 juillet 2025

ParJohanna Afriat

Entre prix astronomiques et besoin impérieux : le dilemme des vacances pour les Israéliens
Aéroport Ben Gourion Gili Yaari/Flash90

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Qu’allez-vous faire de vos vacances ? Cette question en apparence anodine s’est transformée en véritable casse-tête pour les Israéliens. Offre de vols réduite, prix des billets d’avion disponibles qui ont explosé, destinations déconseillées à cause du risque d’attentats, incertitude quant à la possibilité de revenir au pays si la situation sécuritaire venait à se dégrader de nouveau, sans compter la considérable baisse du pouvoir d’achat : autant dire que la marge de manœuvre des vacanciers est étroite. Quant à la possibilité de se rabattre sur des séjours locaux, elle n’est pas toujours préférable tant les prix des séjours hôteliers sont élevés.

Pourtant – et c’est toute la cruauté du paradoxe –, il va sans dire que chaque Israélien a un besoin presque vital de faire une pause pour se ressourcer, tant la guerre et son corollaire de tragédies ont éprouvé les forces physiques et psychiques de la population. Et c’est finalement cette dernière considération qui semble l’emporter aux yeux de beaucoup. En dépit des augmentations allant jusqu’à 50 % – dues au peu d’avions en circulation – vers certaines destinations populaires comme New York, Londres, Paris ou Bangkok et malgré des billets qui n’ont jamais été aussi chers pour des destinations proches telles que la Grèce ou Chypre, beaucoup d’Israéliens ont choisi de ne pas renoncer à partir à l’étranger. Quitte à s’endetter une bonne partie de l’année.

« Les Israéliens ressentent tellement le besoin de faire un break et de se dépayser qu’ils sont prêts à tout pour partir », confirme le directeur de l’agence Joseph Voyages. « Ils réservent des vols même à des prix exorbitants. Depuis la fin du conflit avec l’Iran, certains sont carrément pris d’une soudaine urgence de voyager et me demandent de leur trouver des billets d’avion pour le lendemain ou le surlendemain, en sachant que ces réservations de dernière minute leur coûteront encore plus cher. Je n’ai jamais vu ça ! », dit-il, soulignant que pour certaines destinations prisées, il a même dû ouvrir des listes d’attente à cause du nombre insuffisants de vols.

Quant à ceux, plus fourmis que cigales, qui ne peuvent se résoudre à dépenser toutes leurs économies dans les vacances, ils n’ont d’autre choix que d’attendre. Jessica avait prévu de partir en voyage en Italie fin juin avec sa fille pour son anniversaire, mais la guerre avec l’Iran en a décidé autrement. « Du fait des prix des vols pour juillet et août, j’ai changé mon fusil d’épaule. Je suis ouverte à toute destination pourvu que les tarifs soient plus raisonnables, même s’il faut pour cela attendre le mois de septembre. En ce moment, je passe mes soirées sur Internet à la recherche du Graal », raconte en plaisantant cette mère de famille. Même chose pour Carine et Laurent, un couple qui projetait de partir à Vienne cet été et qui s’est résolu à patienter en attendant que le vent de folie qui souffle sur les prix retombe – en espérant qu’ils n’aient pas à attendre l’été prochain pour cela…

Article paru dans ActuJ du 10 juillet (numéro 1789)