Le député arabe israélien Ayman Odeh a été contraint de quitter précipitamment un rassemblement samedi à Ness Ziona où il devait s'exprimer, après avoir été violemment agressé par de jeunes hommes. L'attaque, qui a visé tant le parlementaire que son véhicule, s'inscrit dans un climat de tensions exacerbées autour de cette figure controversée de l'opposition israélienne.
Les agresseurs ont brisé les vitres de la voiture du député, avant de vandaliser le matériel technique de la scène. Trois habitants de Ness Ziona ont été interpellés par la police.
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Cette agression survient dans un contexte particulièrement tendu pour Ayman Odeh. La Knesset a rejeté lundi une motion visant à l'expulser du Parlement, faute d'avoir obtenu la majorité qualifiée nécessaire de 90 voix sur 120. 73 députés avaient voté "pour", 15 "contre", tandis que plusieurs parlementaires de l'opposition avaient boycotté le scrutin.
La procédure avait été déclenchée après des déclarations du 19 janvier dernier où le député arabe avait assimilé les otages israéliens aux prisonniers sécuritaires palestiniens. Ayman Odeh refuse par ailleurs de reconnaître le Hamas et le Hezbollah comme des organisations terroristes, une position qui lui vaut les foudres de la droite israélienne. Dans une autre sortie polémique il y a deux mois, il avait affirmé : "Gaza a gagné, et Gaza gagnera".
L'opposition dénonce une escalade dangereuse
En réaction à l'agression, le parti Hadash a dénoncé une "attaque qui vient d'en haut" et promis de ne pas se laisser intimider : "La violence ne nous fera pas taire", a déclaré la formation dans un communiqué. Le parti évoque une "incitation organisée par les ennemis de tout avenir de paix et de démocratie".
Le président des Démocrates, Yair Golan, a quant à lui établi un lien direct entre les violences et le climat politique actuel : "Les violences contre le député Odeh sont le résultat direct d'une incitation politique prolongée. Quiconque vote à la Knesset en faveur de la destitution d'un élu arabe en raison de ses opinions ne peut être choqué lorsque des émeutiers l'attaquent dans la rue."
Golan dénonce "une attaque contre toute la minorité arabe en Israël" et "un coup d'État qui s'accompagne de violences dans les rues, d'incitations à la haine à la Knesset et d'une absence totale de réaction de la police".
Le chef de l'opposition Yair Lapid a également condamné les violences, appelant la police à "retrouver les responsables et à les traduire en justice". Pour Lapid, "la violence politique n'a pas sa place dans un pays démocratique".