Le chef de la milice gazaouie, Yasser Abu Shabab, affirme avoir réussi à prendre le contrôle de quartiers est de Rafah et prétend que désormais dans ces zones les gens vivent en sécurité et mangent à leur faim. Il prend cet exemple pour montrer ce que serait la vie sans le Hamas dans la Bande de Gaza et appelle la communauté internationale à le soutenir.
Dans une tribune publiée dans le quotidien américain Wall Street Journal, il présente ses réalisations sur le terrain et expose sa vision de Gaza sans le Hamas.
Dans ce texte, Abu Shabab revient sur son parcours personnel, en tant que membre de la tribu bédouine des Tarabin. Il raconte comment son frère et son cousin ont été abattus alors qu’ils tentaient d’obtenir de l’aide humanitaire auprès d’hommes du Hamas. « J’ai compris que le silence n’était plus une option. Si nous continuons à nous taire, nous ne serons jamais libres – qu’il y ait cessez-le-feu ou non », écrit-il.
Il met en avant les succès de sa milice dans les quartiers est de Rafah, où ses hommes ont établi leur contrôle : « Depuis sept semaines, notre quartier est devenu la seule zone de Gaza administrée par une autorité palestinienne non affiliée au Hamas depuis 2007. Nos patrouilles armées ont réussi à empêcher le Hamas et d'autres groupes armés d’y pénétrer. Résultat : la vie ici ne ressemble plus à celle du reste de Gaza. À l’est de Rafah, les habitants ont accès à des abris, à de la nourriture, à de l’eau et à des soins médicaux de base — et tout cela sans craindre que le Hamas ne détourne l’aide ou ne déclenche des échanges de tirs avec l’armée israélienne. »
Abu Shabab affirme également que « la grande majorité des Gazaouis rejettent le Hamas ». Selon lui, « ils ne veulent pas le voir rester au pouvoir après la guerre, mais bien qu’ils le détestent, ils en ont toujours peur. Depuis le début des manifestations appelant à sa destitution, des protestataires ont été tués, torturés ou contraints de se cacher. »
« Alors que la majorité des habitants de Gaza continuent de souffrir au fil de la guerre entre Israël et le Hamas, une réalité bien différente semble émerger pour des milliers de personnes à l’est de Rafah — pour elles, le conflit semble déjà derrière. », écrit Abu Shabab. « Dans cette zone, aucun civil n’est touché par des frappes aériennes, il n’y a pas de files d’attente massives aux points de distribution de l’aide, et les résidents ne vivent plus dans la crainte que le Hamas installe des explosifs dans leurs habitations. Les habitants peuvent enfin dormir sereinement, sans redouter de ne pas survivre au lendemain. », ajoute-t-il.
Il affirme: « Ce modèle ne devrait pas être une exception : il pourrait devenir la norme pour l’ensemble de la population gazaouie. Nous avons reçu de nombreuses demandes de familles souhaitant s’installer à Rafah-Est. Nous sommes prêts à prendre la responsabilité de l’ensemble de la ville de Rafah. En quelques mois, environ 600 000 personnes — soit un tiers de la population de la bande de Gaza — pourraient vivre en dehors de la zone de conflit. Ce succès pourrait être reproduit ailleurs : d’autres zones autonomes pourraient voir le jour dans le reste du territoire. Pour cela, nous avons besoin de trois éléments essentiels :
Un soutien financier.
Une aide humanitaire et des infrastructures de base pour la population.
Des couloirs sécurisés menant à ces zones.
En peu de temps, une grande partie de Gaza pourrait se transformer d’un champ de bataille en un ensemble de communautés capables de guérir, de se reconstruire et de progresser.
C’est, selon nous, la seule voie possible vers la fin de ce conflit. »
Le chef de milice conclut son texte par un appel à la communauté internationale, l’exhortant à soutenir sa milice et d'autres groupes similaires pour établir une nouvelle gouvernance à Gaza : « Depuis Rafah-Est — où des familles dorment aujourd’hui en sécurité sous une protection civile — je peux entrevoir l’avenir de Gaza. La question est : le monde nous aidera-t-il à le construire avec nous, libre des idéologies de violence et de terreur ? »